Pour France 3 Rhône-Alpes, Marc Cimamonti, procureur de la République de Lyon, a aujourd'hui accepté d’évoquer l’affaire du violeur en série qui sévit depuis octobre dans le 8e arrondissement. Point sur l'enquête, sur les rumeurs et leur médiatisation...Une interview de Nordine Mohamedi.
N.Mohamedi - Quelles sont les choses qui vous gênent dans cette affaire ?
Marc Cimamonti, procureur de la République : C’est une affaire qui concerne cinq agressions graves - des viols ou des agressions sexuelles - toutes commises entre octobre 2012 et janvier 2013 pour la dernière. Des agressions commises dans le 8e arrondissement par un même individu, d'après les recoupements effectués. Des agressions sous la menace d’une arme blanche, couteau ou cutter. Même si des victimes ont pu être blessées, cette arme a été utilisée avant tout pour des faits de menaces. Les agressions sexuelles et les viols sont avérés. Ces faits graves ont tous été commis en fin de soirée ou la nuit, entre 23h00 et 3h00 du matin. Les victimes sont de jeunes femmes qui ont entre 20 et 25 ans et qui rentraient seules chez elles le soir. L’auteur des faits a agi à visage masqué.
C’est une affaire prise en compte depuis le début de manière approfondie par l’institution judiciaire. Un juge d’instruction a été saisi. Pour répondre à votre question : je ne suis pas gêné. Je constate la médiatisation de cette affaire. Bien souvent la médiatisation dans ce type de procédure tend à compliquer les investigations et à les rendre plus difficiles, moins certaines dans leur aboutissement.
NM - Vous dénoncez la médiatisation de cette affaire sur les réseaux sociaux...
Marc Cimamonti - Je constate simplement que ce qui est véhiculé sur les réseaux sociaux est très largement sans fondement. Aujourd’hui, on ne peut pas mettre sur le même plan les médias et les réseaux sociaux. Ces derniers sont le lieu de communications inter-personnelles, de rumeurs, les plus aberrantes… par exemple : des jeunes femmes ont pu être égorgées. Autre rumeur concernant des modes opératoires ou sur le fait que des portraits auraient été diffusés et uniquement sur les réseaux sociaux… Tout cela est véritablement inexact.
NM – Ce matin, le président de l’université Lyon 3, M.Jacques Comby, disait : "rien ne me permet d’affirmer aujourd’hui que certaines de mes étudiantes sont concernées par ces affaires de viol ..."
Marc Cimamonti - Sur les cinq victimes de faits, il y a trois étudiantes qui ont des origines diverses. Les victimes ne sont pas uniquement des étudiantes. Ce sont des jeunes femmes qui rentrent seules à des heures tardives chez elles. C’est ce créneau horaire qui a été concerné par les agressions.
NM - Le 8e arrondissement, le quartier Monplaisir, sont-ils particulièrement surveillés en ce moment ?
Marc Cimamonti - Oui. Depuis des semaines, des surveillances sont effectuées dans cet arrondissement mais pas seulement. Des investigations et des mesures de précaution importantes sont prises par la DDSP (ndlr :direction départementale de la sécurité publique), par la sûreté départementale qui est chargée directement des investigations mais pas seulement… par l’ensemble des services de la DDSP qui sont alertés et qui notamment sur le 3e arrondissement ont fait et font un important travail de contrôle.
NM – Les informations diffusées sur les réseaux sociaux ont-elle pu conduire l’auteur de ces faits à faire une pause ?
Marc Cimamonti - Je ne peux pas faire de la divination. Tout ce que je peux dire c’est que depuis fin janvier il n’y a plus d’agression susceptible d’être imputée à l’auteur des ces faits.
NM - A-t-on des chances de retrouver l'auteur des faits ?
Marc Cimamonti - Tout est fait pour tenter d’élucider cette affaire : le juge d’instruction, avec le concours du parquet et surtout le concours des enquêteurs. On ne peut répondre à ce type de question. Il y a des investigations qui sont effectuées - et qui sont lourdes - pour tenter d’identifier cette personne et l’interpeller. Il y a aussi des mesures de contrôle et de sécurité qui sont prises par la DDSP en complément de ces investigations.
NM – Conseillez-vous aux jeunes femmes d’être sur leurs gardes dans ce quartier ?
Marc Cimamonti - Je dis simplement qu’il n’y pas lieu à psychose, à angoisse. Un certain nombre d’éléments factuels démontrent que ce sont des agressions sur certaines périodes de temps - cinq entre octobre 2012 et janvier 2013. Cela permet d’apprécier exactement la nature et la fréquence des faits. Bien évidemment, dans une grande agglomération comme Lyon, il faut prendre un certain nombre de mesures naturelles de précautions, de vigilance lorsque l'on rentre tard le soir…
NM – Est-on en mesure d'en savoir plus prochainement sur cette affaire ? Pourrez-vous en parler ?
Marc Cimamonti - Un procureur, un juge d’instruction, des enquêteurs ne peuvent pas pratiquer la divination ou pronostiquer ce que va devenir une procédure. Il y a toute une série de lourdes investigations qui sont effectuées. En cas d'avancées majeures dans l’enquête (élucidation, interpellation, mise en examen), je ne manquerai pas de faire connaître tout élément significatif de procédure.