Marylise Lebranchu, la ministre de la Fonction Publique et de la Décentralisation, a débuté jeudi à Clermont-Ferrand, ses " 24 heures au coeur des services publics". Première étape de cette immersion : Pôle Emploi. Tournée nocturne ensuite, dans un commissariat, chez les sapeurs-pompiers et au Samu.
Dans le cadre de ses 24 heures au coeur des services publics en Auvergne, Marylise Lebranchu était à Riom vendredi matin. La Ministre de la Fonction publique et de la Décentralisation a répondu, en direct dans notre édition de midi, aux questions de Frédéric Cuvier. L'occasion, entre autres, d'aborder le rapport Moreau et son éventuel nouveau mode de calcul pour la retraite des fonctionnaires.
Frédéric Cuvier : La commission Moreau vient de rendre son avis sur la réforme des retraites et elle préconise une modification du mode de calcul avec un allongement de la période variant entre 3 et 10 ans. C'est quelque chose que vous n'appréciez pas, je crois?
Marylise Lebranchu : "Madame Moreau a fait un travail excellent. Maintenant, à nous de discuter avec le Premier Ministre mais surtout avec les organisations syndicales. Je suis ici dans une école et les enseignants n'ont, par exemple, pas de primes quand d'autres de leurs collègues en ont. Les traitements des fonctionnaires ne sont pas tous construits de la même façon. Nous, on va prendre notre temps, on va regarder ça calmement. Ce que je ne souhaite pas, c'est qu'on évacue le fait qu'il manque 20 milliards pour notre régime de retraite par péréquation en 2020. Donc, de mon côté, Ministre de le Fonction Publique, je prendrai du temps. L'urgence, ce sont les 20 milliards."
Le rapport Moreau préconise également une augmentation de la durée de cotisation. Ce qui suscite déjà des réactions. Jean Claude Mailly, le secrétaire général de FO, a dit qu'il mobiliserait ses troupes s'il y avait un allongement de la durée de cotisations. Vous craignez des mouvements sociaux?
"On peut toujours craindre des mouvements sociaux. Là n'est pas le commentaire d'un ministre. Je pense que Jean-Marc Ayrault a réussi à faire passer un message, c'est que la négociation sociale va primer dans tout le cheminement des décisions à prendre. S'il faut prendre des décisions, quelle qu'en soit la nature, nous les prendrons, mais il faut que ce soit juste, équilibré et qu'on réponde au déficit de 2020. Ensuite, discutons avec les organisations syndicales de l'ensemble de cette question. Du côté de la Fonction Publique, d'autres chantiers sont ouverts comme les parcours professionnels, la mobilité, le travail des seniors, la sécurité au travail, la santé au travail. Tout ça fait partie du même champ, pour moi en tous cas, du même champ de négociations, donc, on ne va pas se prédéterminer en fonction des réactions mais en fonction des réalités et de la responsabilité qui est celle d'un gouvernement."
Vous êtes venue pour une immersion de 24 heures au coeur des services publics. Qu'attendez-vous de cette expérience?
"D'abord, je voudrais dire aux citoyens de ce pays que, lorsqu'on s'immerge 24 heures dans les services publics comme on vient de le faire, on se rend compte à quel point le service public est indispensable au modèle français. Et moi, ce qui m'importe à travers les échanges que j'ai eus avec des fonctionnaires des trois piliers de la Fonction Publique, c'est de pouvoir leur dire à quel point le gouvernement reconnaît que leur fonction est déterminante pour le redressement du pays. On ne dit pas assez aux populations que c'est le service public qui assure, au fond, le patrimoine de ceux qui n'ont rien. En France, si vous n'avez rien,vous pouvez avoir l'école, la santé, la culture, le sport, l'aide à faire, l'aide à penser, l'aide à prévoir un projet. Et tout ça dépend des services publics, donc, moi je les défends en venant ici."