Un an après les mobilisations paysannes qui ont gagné toute la France, le mouvement va-t-il repartir ? Ce vendredi 18 octobre, les agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté manifestent au Conseil régional de Dijon.
Ils sont venus sans tracteurs ni fumier, mais en colère. Une centaine d'agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté se sont réunis dès 10 heures devant le siège de la Région, au centre-ville de Dijon, ce vendredi matin. À l'appel des syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs, ils veulent faire pression sur le Conseil régional et sa présidente, Marie-Guite Dufay, pour réclamer le versement de leurs aides.
Passage forcé
Il était d'abord prévu qu'une délégation des agriculteurs soit reçue vers 11 heures du matin à huis-clos, par Marie-Guite Dufay. Les élus du Conseil régional, eux, étaient en séance plénière.
Mais vers 11 heures 30, finalement, une partie des agriculteurs a tenté d'entrer à l'intérieur du Conseil régional où se déroulait la séance plénière. D'abord repoussés par les gendarmes, ils ont finalement réussi à pénétrer dans l'édifice. La séance plénière a été interrompue ; les agriculteurs ont pris la parole devant les élus.
À sa sortie du Conseil régional, le sénateur Jérôme Durain a essuyé une pluie de jets d'oeufs.
Quelles sont leurs revendications ?
Les agriculteurs réclament le paiement en retard d'aides versées par la Région. Selon eux, 3 450 dossiers sont en attente de traitement.
Comme le disent les Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire dans un post sur les réseaux sociaux, la liste de griefs est longue : "Tu as peur que ton dossier ne soit pas traité avant juin 2025 et que les fonds dédiés soient perdus ? Tu n’en peux plus d’attendre des réponses du Conseil régional concernant ton dossier ? Tu as fait des investissements et tu vis dans la crainte de ne jamais voir la couleur de ton argent pour les financer ?"
En fait, tout tourne autour du fonds Feader et des DJA, que les agriculteurs réclament à la Région de payer. En clair ?
Le Fedaer est le fonds européen agricole pour le développement rural, d'un montant total de 16,6 milliards d'euros. Les DJA, elles, sont les dotations "jeunes agriculteurs", des aides à l'installation pour les nouveaux exploitants. Elles sont financées à 80 % par l'Union européenne et 20 % par l'État. Dans cet article de décembre 2023, nous vous expliquions pourquoi ces dotations cristallisaient déjà les tensions.
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La crainte de ne pas clôturer les comptes à temps
"Je me suis installé le 1er janvier, je créé ma fromagerie avec un atelier bovin/lait", explique Édouard Augendre, jeune éleveur dans le Morvan.
Sans aides, c'est clair que je ne pouvais pas m'installer.
Edouard AugendreJeune éleveur dans le Morvan
"Pourtant, j'ai repris la ferme de mes parents. Mais il m'a quand même fallu 156 000 euros pour ma fromagerie et ma salle de traite. C'est un montant qui n'est vraiment pas négligeable."
Avec les délais de versement des aides, "on a peur de ne pas arriver à clôturer nos comptes à temps", craignent les agriculteurs en colère. Marie-Guite Dufay, la présidente de Région, reconnaît les "inquiétudes légitimes". Selon elle, les délais sont induits par un problème de recrutement au Consiel régional : il manque une vingtaine d'agents pour instruire tous les dossiers.