Les agriculteurs tirent la sonnette d'alarme en Bourgogne. Les épisodes climatiques de ces derniers mois ont mis à mal leurs exploitations. Les producteurs attendent un soutien plus important de la part de l'État après des récoltes jugées très décevantes.
C'est une année décidément bien difficile pour l'agriculture française. 2024 avait commencé par un mouvement social majeur des agriculteurs à travers tout le pays, en colère face à la concurrence déloyale, aux faibles revenus et aux trop nombreuses normes à respecter. Une colère peu à peu apaisée avec la promesse de nouvelles mesures gouvernementales, mais la dissolution de l'Assemblée nationale a finalement bouleversé leurs avancées.
Pour ne rien arranger, ces derniers mois ont été marqués par une météo capricieuse, avec de fréquents épisodes de pluie, d'orages et de grêle. Des aléas climatiques qui rendent la situation critique pour de nombreuses exploitations de la région. "On vit une année difficile sur l’ensemble des territoires français et en particularité sur le territoire bourguignon avec un excès d’eau. Les plants ont du mal à pousser correctement, mais le plus embêtant, c'est le manque de lumière. Dans les terres profondes, les pertes sont plus importantes", résume Vincent Lavier, président de la chambre d’agriculture de Côte-d'Or.
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Un véritable coup de massue pour l'agriculture française. "Les producteurs sont vraiment dépités aujourd’hui. Ils sont sous le choc de la mauvaise récolte et des prix qui ne vont pas avec. Car ça ne fait pas monter les prix pour autant, parce que les autres pays s’en sortent. L’objectif, c'est de donner de belles perspectives aux jeunes, leur donner envie de venir dans la filière et de s’investir. On vit une année noire."
On est globalement sur des manques à gagner de 400 euros en moyenne à l’hectare.
Vincent LavierPrésident de la chambre d’agriculture de Côte-d'Or
Tout cela entraîne une forte dégradation de la qualité. Selon la chambre d'agriculture, une grande partie n’est pas commercialisable. "La dernière année de ce type-là, c'était en 2016. Il a fallu trois-quatre ans pour s’en remettre. Mais la difficulté, c’est que le niveau de charges est aujourd'hui beaucoup plus important."
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Des mesures gouvernementales jugées insuffisantes
Un cahier des charges qui devait pourtant s'alléger, mais les récents épisodes politiques ont changé la donne. "Sur tout ce qui a été travaillé à la suite du mouvement social de l'hiver dernier, rien n’a abouti à cause de la dissolution. On ne sait pas quand sortira la fameuse loi d'orientation agricole. On avait de fortes attentes et on s’attend à une rentrée difficile."
Pour Vincent Lavier, les agriculteurs ne sont pas assez accompagnés. "Aujourd’hui, on a un vrai sujet émergent qui est la gestion des aléas climatiques. Quand cela arrive, c’est le producteur qui en supporte l’intégralité et il ne peut pas faire ça indéfiniment. Il faut voir comment la filière peut amortir le choc parce que c’est trop lourd à gérer, c’est un stress énorme. Je n’aurais jamais pensé que le foin réalisé d’habitude au mois de juin ne soit toujours pas fait aujourd’hui."
Dans un communiqué, la FDSEA de la Nièvre a, elle aussi, alerté sur les difficultés rencontrées par les agriculteurs du département. Elle dénonce un soutien insuffisant du gouvernement, alors que les exploitations sont dans une situation "critique."