"Pas de céréales, pas d'élevage" : la Coordination Rurale tire la sonnette d'alarme et demande des mesures exceptionnelles pour les agriculteurs

Selon le syndicat agricole, les producteurs français récoltent 30 % de céréales en moins par rapport à 2023. Des moissons catastrophiques qui pourraient pénaliser également les éleveurs, notamment en Franche-Comté.

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"Le blé, c'est une catastrophe, se désespère Nicolas Bongay. Le blé meunier, c'est zéro et le blé de fourrage n'est pas assez riche pour être commercialisé. Les foins, c'est de la paille. Et pour les orges d'automne, tout est couché, tout est foutu !" Le président de la Coordination Rurale du Doubs et du Terrioire de Belfort, qui revendique une cinquantaine d'adhérents dans les deux départements, ne cache pas son inquiétude. Éleveur à La Vrine, près de Pontarlier (Doubs), il sait que l'hiver s'annonce aussi compliqué que le printemps.

"On n'est pas les plus à plaindre dans le Haut-Doubs, reconnaît-il cependant. On a des stocks de foin importants mais il est de triste valeur. Il faudra forcément des compléments cet hiver." A quel tarif ? C'est toute la question aujourd'hui. Car les moissons sont plus que décevantes cette saison.

Ni la quantité, ni la qualité

"Ce n'est pas une mauvaise année, c'est une très, très, très mauvaise année, je n'ai jamais vu ça depuis 20 ans que je suis installé", confirme son voisin bourguignon, Cyril Hoffmann, céréalier et président la Coordination Rurale de Côte d'Or. Il exploite 450 hectares à Echalot et cultive blé, colza, orge de printemps, orge d'été, luzerne, sarrasin et tournesol ! Une variété de cultures qui devait le préserver des coups durs. Mais pas cette fois. "À part peut-être le colza, rien ne sort du lot, on ne peut pas se rattraper", déplore-t-il.

"Là, je suis en train de battre les blés, explique Cyril Hoffmann. D'habitude, je fais une récolte de 60 quintaux, cette année, je suis seulement à 40." La qualité, surtout, n'est pas au rendez-vous. "Pour avoir un blé meunier, qui va être utilisé pour faire de la farine, on doit avoir un PS (poids spécifique, NDLR) de 76 au minimum, détaille-t-il. Pour un blé fourrager, on doit avoir un PS de 72. Aujourd'hui, on a seulement 64 ! Ça ne vaut rien."

30 % de céréales en moins

Selon la Coordination Rurale, en moyenne, les producteurs français récoltent 30% de céréales en moins par rapport à l'an passé. La faute à la pluviométrie exceptionnelle de ces dernières semaines. Dans un communiqué publié ce lundi 29 juillet 2024, le syndicat tire la sonnette d'alarme : les céréaliers ne seront pas les seuls à en pâtir.

Les éleveurs en bout de chaîne et surtout le secteur polyculture/élevage aura double peine : peu de récoltes de céréales et d’herbe et une facture d’aliments et de paille indexée sur les cours des matières premières.

La Coordination Rurale.

Communiqué du 29 juillet 2024.

Des mesures exceptionnelles

"Un déficit dans les rendements entraîne une récession pour tous, l’agriculture est interconnectée et interdépendante", insiste Véronique le Floc’h, éleveuse et présidente de la Coordination Rurale. Elle demande encore une fois "des mesures exceptionnelles pour sauver l’agriculture française".

La Coordination Rurale exige une rencontre avec le ministre de l’Agriculture, "même démissionnaire", dans les plus brefs délais. Mais également la mise en place d'une cellule de veille avec les syndicats au ministère "afin de mutualiser les informations et d’assurer l’efficacité des remontées de terrain" et la des réunions de crise dans chaque département pour accompagner tous les producteurs, y compris les éleveurs.

"Les céréaliers et les éleveurs doivent se serrer les coudes et aller ensemble devant les instances décisionnelles pour demander une année blanche", ajoute Sophie Lenaerts, éleveuse et vice-présidente de la Coordination Rurale.

Sans attendre ces réponses des pouvoirs publics, les éleveurs et les céréaliers doivent s’entraider pour s’assurer de l’approvisionnement en paille et en fourrage des élevages français.

Sophie Lenaerts, éleveuse et vice-présidente de la Coordination Rurale.

En Franche-Comté, Nicolas Bongay, lui, est dans l'expectative. "C'est inchiffrable aujourd'hui, explique-t-il. Comme le foin est de piètre qualité, on ne sait pas combien il faudra mettre de kilos devant chaque vache cet hiver. On ne sait pas si le prix des céréales va grimper ou pas. Sans compter le coût du transport s'il faut en faire venir de plus loin."

Et il le dit tout net. Pas sûr que les agriculteurs attendent la rentrée dans la région pour manifester à nouveau leur colère.

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