Alors que la météo en Bourgogne est imprévisible et très pluvieuse depuis le début de l'année, la moisson a commencé dans les champs. Mais les récoltes s'annoncent bien moins importantes qu'habituellement, "du jamais vu" selon certains agriculteurs.
Ça n'a échappé à personne : depuis le début de l'année, les différents épisodes d'intempéries se succèdent en Bourgogne, peu importe la saison. Si pour beaucoup, cela n'impacte que le moral, pour les agriculteurs en revanche, les conséquences de cette météo anormale sont désormais bien visibles.
"Ce qui est typique d'une mauvaise année, c'est tous ces petits grains", montre Jérôme Humbert, agriculteur à Gigny-sur-Saône (Saône-et-Loire). Pour lui, la cause est claire : "Ce sont des grains qui ont été très mal nourris, c'est dû aux excès d'eau".
En toute logique, ces grains manquent également d'exposition au soleil, qui s'est fait rare ces derniers temps. Cette année, Jérôme estime sa récolte à 30 quintaux, soit 3 000 kilos, par hectare. Cela peut paraître beaucoup, mais en réalité, ce chiffre est presque divisé par deux par rapport à une année classique : sur son terrain de La Frette (Saône-et-Loire), il estime tourner entre 50 et 60 quintaux, soit 5 000 à 6 000 kg, par hectare.
"C'est du jamais vu chez nous"
Même constat à quelques kilomètres de là, dans la commune voisine de Baudrières, chez Cédric Tissot. Il nous explique qu'habituellement, à cette période de l'année, son hangar est entièrement rempli de balles de fourrages et d’ensilages. Cette année, rien à voir : il est à moitié vide.
"C’est la première fois qu’on connait une telle catastrophe en céréales", explique t-il. "Parce que pour moi c’est une catastrophe : diviser les rendements par deux, c’est du jamais vu chez nous."
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Une mauvaise dynamique, qui s'accompagne d'un marché dont les cours sont à la baisse. Selon Joël Humbert, entrepreneur en travaux agricoles, "il y a 30 ans en arrière, on avait quasiment le même prix de valorisation."
Les zones dont le sol n'est pas sec touchées également
Ce constat ne touche pas que la Bourgogne : toutes les autres régions céréalières, telles que la façade Atlantique, les Pays de la Loire, ou les Hauts-de-France, sont également impactées par ce surplus d'eau. Interrogé par nos confrères de l'Opinion début juillet, François Loiseau, le président d’Intercéréales, l’interprofession de la filière, expliquait : "Dans certaines régions, entre novembre et le 10 juin, on a enregistré un cumul de précipitations deux fois supérieur à la normale".
Mais pour Cécile Lambert, représentante de la FDSEA de Côte-d'Or, que nous avons contactée par téléphone, il est faux de dire que la Bourgogne s'en tirera mieux cette année en raison de sols moins secs, même s'il est trop tôt pour faire le bilan. "La partie en plateau de Côte d'Or, qui habituellement supporte plus facilement [les intempéries]", n'est pas épargnée selon elle.
Il a tellement plu, que c'est trop, ça s'accumule.
Cécile Lambert,représentante de la FDSEA de Côte-d'Or
Une chose est sûre, réchauffement climatique oblige, les années où intempéries et ensoleillement sont équilibrés se font de plus en plus rares. Pour cette année 2024, les céréaliers espèrent encore pouvoir se rattraper sur d’autres céréales comme le maïs ou les tournesols, si le soleil s'installe pour de bon au-dessus de la région.