Grippe aviaire : "un phénomène différent cantonné aux États-Unis", un spécialiste du virus appelle à la vigilance tout en rassurant le public

Faut-il craindre une transmission de la grippe aviaire à l'homme en France ? Après la découverte de dizaines de cas dont un grave aux Etats-Unis, la question se pose, malgré la campagne de vaccination dans l'Hexagone. L'un des spécialistes du virus, professeur à l'école vétérinaire de Toulouse se veut rassurant.

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À quelques jours des fêtes de Noêl et de ses traditionnels repas, avec foie gras et volailles, le spectre de la grippe aviaire ressurgit en France. Cette fois, c'est bien la question de la transmission de l'animal à l'homme du virus influenza A, qui cristallise toutes les craintes.

Aucun cas n'a encore été détecté en France mais d'autres pays sont touchés dans le monde. C'est le cas au Canada ou aux Etats-Unis. Le pays est confronté à son premier cas grave. Un patient a dû être hospitalisé en Louisiane en raison d'une infection par le virus de la grippe aviaire ce 18 décembre. Le virus, qui circule dans le pays dans des élevages de volailles, se propage de manière inédite, depuis le mois de mars, dans les troupeaux de vaches. La Californie a même déclaré l'état d'urgence.

Alors, la France risque-t-elle de connaître le même sort ? Nous avons posé la question à Jean-Luc Guérin, professeur à l'école vétérinaire de Toulouse et spécialiste de la grippe aviaire. Voici cet entretien.

France 3 Occitanie : Les élevages sont épargnés en France, mais il y a ces cas aux États-Unis, très inquiétants, de propagation à l'homme. Faut-il s'en inquiéter ?

Jean-Luc Guérin : Effectivement, la situation en France maintenant est stabilisée. Alors il faut rester humble et très prudent. Puisque la situation en Europe n'est pas très évolutive. Il y a encore des cas dans la faune sauvage, dans d'autres pays. Donc effectivement, on pense que la vaccination a aidé clairement à la maîtrise des foyers dans les élevages de canards. C'est notamment vrai dans le Sud-Ouest. Mais globalement, la situation est plutôt favorable.

Et aux États-Unis, elle est inquiétante parce qu'on a eu un passage des oiseaux, des volailles aux bovins, aux vaches laitières, avec une extension dans plus de 600 élevages de bovins sur l'ensemble du territoire américain. Et à partir de là, on a des cas humains, donc une soixantaine, dont certains sévères. Dans l'immense majorité des cas, on a une source animale et on a trois cas qui posent question aujourd'hui.

France 3 Occitanie : Cette transmission est-elle inquiétante et sait-on l'expliquer ?

Jean-Luc Guérin : Alors, ce qu'on voit, c'est qu'on a des souches particulières qui sont différentes des souches qui circulent en Europe. J'insiste là-dessus, c'est un phénomène qui est différent, qui heureusement aujourd'hui est cantonné aux États-Unis. Il faut espérer qu'il le restera. Oui, parce que l'expérience Covid nous a appris que le virus ne connaît pas les frontières. On arrive dans une période de fête, il y aura de nombreuses volailles sur les tables.

À lire : Grippe aviaire : faut-il craindre une transmission du virus d'homme à homme ? Le premier cas enregistré au Canada renforce les inquiétudes


France 3 Occitanie : Faut-il se prévenir ? Y a-t-il des gestes barrières pour reprendre une expression bien connue lors de la crise Covid ?

Jean-Luc Guérin : Il faut partir du principe qu'aujourd'hui, en France, il n'y a pas de soucis concernant le statut des élevages de volailles et a fortiori des produits de volailles. Les canards, par exemple, sont non seulement vaccinés, mais ils sont testés comme ils ne l'ont jamais été. Donc on n'a pas de sujet autour de la sécurité liée aux produits de volailles du tout. Donc pas de masque, pas de gestes barrières. Non, absolument pas.

Par contre, ce qu'il faut regarder avec beaucoup d'attention et avec sérieux, sans être alarmiste, c'est l'évolution de la situation aux États-Unis, avec des évolutions génétiques de souches qui évoluent là-bas et qui, petit à petit, entraînent un gain de potentiel de transmission à l'homme.

France 3 Occitanie : Qu'est-ce qui pourrait nous faire dire que nous serons épargnés par cette épidémie ?

Jean-Luc Guérin : Ce qui pourrait nous faire dire que la situation s'aggrave, c'est une multiplication de cas humains et des chaînes de transmission d'hommes à hommes, ce qui n'est pas encore le cas. On a des cas qui se sont multipliés, ce qui montre bien qu'il y a une différence dans le statut génétique des souches qui circulent là-bas et celles qui nous ont touchés. On surveille de très près, donc il y a vraiment beaucoup d'attention de la part des scientifiques à l'échelle mondiale pour s'assurer qu'il n'y a pas de poursuite de cette adaptation et surtout que ça reste cantonné aux Etats-Unis.


France 3 Occitanie : Pas d'inquiétude mais prudence on l'a bien compris. Les éleveurs bovins doivent-ils à leur tour s'inquiéter ?

Jean-Luc Guerin : Alors il y a une surveillance qui a été renforcée sur les élevages bovins, là encore, l'enjeu c'est d'éviter l'introduction du virus de ces souches américaines sur le territoire européen et national. Pour l'instant, à ma connaissance, il n'y a pas de cas, mais effectivement là encore il y a une surveillance qui est renforcée qui va être renforcée évidemment mais aujourd'hui on n'a pas de sujet concernant ni la sécurité des élevages ni la sécurité des produits laitiers par exemple. Il faut juste rester prudent et vigilant.

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