Lors de la mobilisation du monde agricole fin 2023 et début 2024, les agriculteurs avaient retourné les panneaux d'entrée et de sortie de nombreuses communes. Mais des mois après la fin des manifestations, bon nombre de pancartes sont toujours à l'envers. On vous explique.
sᴉoxnⱯ-uǝ-ʎןןᴉnoԀ 'uouᵷoɹꓭ... pas toujours facile, ces derniers temps, de savoir dans quel village on vient d'entrer. En cause : les panneaux retournés, l'une des premières manifestations de la colère des agriculteurs en fin d'année dernière, en amont de la vaste mobilisation de l'hiver 2024.
Mais vous l'avez sans doute vous-même remarqué : alors que la mobilisation s'est terminée au printemps, bon nombre desdits panneaux sont toujours à l'envers. Une situation qui, en fonction des communes, pourrait encore durer un certain temps.
"Certaines communes ont laissé les panneaux tels quels par manque de temps, d'autres parce qu'ils attendaient que ceux qui les avaient retournés les remettent à l'endroit", décrit Mahfoud Aomar, maire de Valravillon (Yonne) et président de l'association des maires de France (AMF) dans le département. "Et puis d'autres encore les ont laissés par solidarité."
Un certain nombre de nos adhérents voulaient donc maintenir l'état d'esprit de manière symbolique.
Jacques De Loisy,président de la FDSEA 21
Car si les agriculteurs ont cessé de manifester, leurs difficultés sont loin d'avoir disparu. "On a vu quelques évolutions après le mouvement", indique Jacques De Loisy, président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Côte-d'Or. "Un projet de loi d'orientation agricole a été voté à l'assemblée. Il n'est pas parfait, mais commence à amorcer un certain nombre de sujets importants."
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Seulement, le projet de loi en question se trouve en pause depuis la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin dernier. "Or nous autres agriculteurs, on est comme Saint Thomas : on ne croit que ce qu'on voit", poursuit Jacques De Loisy. "Ça peut reprendre, ça peut s'arrêter, ça peut reprendre à l'envers... voilà où on en est aujourd'hui. Un certain nombre de nos adhérents voulaient donc maintenir l'état d'esprit de manière symbolique."
"Je ne les bougerai pas sans l'accord de la profession"
Un état d'esprit largement partagé par les maires des communes de Bourgogne, notamment les plus rurales. "Tous souhaiteraient évidemment que les panneaux soient remis à l'endroit, parce que ça signifierait que la situation des agriculteurs s'est améliorée", explique Ludovic Rochette, maire de Brognon et président de l'AMF de la Côte d'Or.
Dans sa propre commune, les panneaux ont été retournés dès le début du mouvement de colère du monde agricole. Il exclut cependant de leur faire retrouver leur position d'origine, bien que "Brognon soit plus facile à lire quand c'est écrit dans le bon sens." "Les remettre à l'endroit dépend de mon autorité et de mes pouvoirs de police", ajoute-t-il, "mais par solidarité avec les agriculteurs, notamment ceux de ma commune, je ne les bougerai pas sans leur accord."
Pour rappel, une vaste majorité des Français avait affirmé son soutien aux agriculteurs mobilisés pendant les manifestations. Selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé pour Le Figaro fin février, 91% de la population disaient approuver leur mobilisation.