"Bloquer les routes ? Pas de raisons que ça ne revienne pas" : pourquoi la situation est toujours explosive chez les agriculteurs

Pourrait-on connaître une deuxième vague de manifestations et de blocages par les agriculteurs cette année ? En Bourgogne, la situation est extrêmement tendue après un été chaotique. Les syndicats se tiennent prêts et pourraient se mobiliser dans les prochaines semaines.

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"Il n'y a pas de raisons que ça ne revienne pas." Telle est la réponse des agriculteurs lorsqu'on leur demande s'ils vont prochainement remonter sur leurs tracteurs pour bloquer les routes. Leur colère avait animé le début de l'année 2024... Et pourrait donc aussi en animer la fin.

La faute à une situation qui n'avance pas, au grand regret des syndicats. En janvier, ces derniers faisaient état de trop nombreuses problématiques rencontrées dans l'agriculture française : concurrence déloyale, baisse des revenus, augmentation des charges, lourdeur administrative... Pendant plusieurs semaines, les agriculteurs ont fait savoir leur colère avec une série de manifestations et de blocages routiers à travers tout le pays.

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"Six mois plus tard, on n’a pas d’évolutions"

Les mois ont passé, mais les syndicats assurent que la situation n'a pas changé. Ils continuent de mettre la pression sur le gouvernement. "On attend une loi de leur part. Une feuille de route a été faite par l’Union européenne et c’est une avancée positive. Mais six mois plus tard, on n’a pas d’évolutions, on n’a pas de retour. Il faut qu’ils prennent des positions sérieuses et qu’ils aient une vision pour l’avenir. Où on va, comment on y va et pourquoi", déclare Thibaut Renaud, vice-président régional des Jeunes agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté.

On est dans le même état que lors de la révolte.

Cédric Vidal

Porte parole de la confédération paysanne de Saône-et-Loire

"Les attentes restent les mêmes", assure Cédric Vidal, porte-parole de la confédération paysanne de Saône-et-Loire. Ce qu’ils nous ont donné, ce sont des pansements. Ils ont injecté des millions d’euros, mais si vous divisez ça au nombre d’agriculteurs en France... On est dans le même état que lors de la révolte, car aujourd’hui, on n’a pas résolu les problèmes fondamentaux."

Les agriculteurs dénoncent notamment une partie administrative bien trop complexe à gérer. "Dans une ferme, il faudrait quasiment une secrétaire presque à plein temps pour s’en sortir. Beaucoup d’agriculteurs passent à côté d’aides. Je suis au RSA et je ne vis pas de mon exploitation, c’est à se demander si je dois continuer", poursuit-il.

Dissolution de l'assemblée, nouveau gouvernement... les récents événements politiques ont bouleversé l'agriculture française. "Nous, ça nous inquiète. Notre situation actuelle nécessite une refonte complète dans la politique agricole. Pour ça, il faut lancer dans des délais très brefs un plan sur plusieurs années. Actuellement, on n’est pas dans une situation où le gouvernement pourra lancer un changement sur le long terme", souligne Thierry-James Facquer, président de la Coordination rurale de Bourgogne Franche-Comté.

Un été chaotique

2024 est une année noire. Après ce bras de fer avec le gouvernement, l'agriculture française a connu un été bien compliqué. "En viticulture, ils vont faire une des pires années depuis très longtemps. En grande culture, les cultures de fin d’année ne vont pas équilibrer les immenses pertes de l’été. Dans l’élevage, on est touché par la fièvre catarrhale. Ça va avoir un impact financier et technique sur le long terme. On va avoir les pertes directes, ça va être énorme", estime Thibaut Renaud.

L'agriculture doit donc faire face à cette maladie virale, qui touchent les élevages d'ovins, de bovins et de caprins. Les éleveurs doivent donc revoir leurs priorités. "On est embêtés par la fièvre catarrhale en ce moment, donc on n'en parle pas. C’est un peu le sujet, sans oublier nos revendications. Ça se greffe à d’autres problèmes", explique Cédric Vidal, porte-parole de la Confédération paysanne de Saône-et-Loire.

"Les éleveurs vont être concentrés sur leur cheptel plutôt que sur leur entreprise. On pense d’abord à nos animaux qui sont malades. Chaque chose en son temps, on ne peut pas être au four et au moulin", ajoute Thibaut Renaud.

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De nouveaux blocages en fin d'année ?

Mais la France peut-elle à nouveau connaître une nouvelle mobilisation nationale des agriculteurs ? Des tracteurs viendront-ils à nouveau paralyser en partie le réseau autoroutier du pays ?

"Je suis persuadé que ça peut se reproduire. Il y a des syndicats qui sont prêts à repartir en bataille. Si ça repart, on se mettra autour de la table et on en discutera pour savoir ce qu’on fait", avance Cédric Vidal.

Même son de cloche du côté de la coordination rurale, acteur majeur lors des manifestations du mois de janvier. "On pourrait connaître ça dans les prochaines semaines. On a été dans les premiers à lancer ça cet hiver. Je pense que ce n’est pas exclu. Il ne faut pas grand-chose pour mettre le feu aux poudres", annonce Thierry-James Facquer.

Le ton est donné, et la prochaine nomination du ministre de l'Agriculture pourrait jouer. Pour rappel, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a occupé ce poste entre 2007 et 2009. De quoi susciter des espoirs chez les agriculteurs français.

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