Cyril Raveau et Mathieu Dangin ont vécu une année bien difficile. Les conditions météorologiques de ces derniers mois ont détruit leurs vignes basées en Côte-d'Or. Et sans récolte, les deux vignerons ne feront pas les vendanges cette année.
Au domaine de Flavigny-Alésia, les vignes sont vides. Et pourtant, les vendanges n'ont pas débuté. Car Cyril Raveau a décidé de faire une croix sur son millésime 2024. Une première en 30 ans.
Il faut dire que son domaine à Flavigny-Alésia (Côte-d'Or) n'a pas été épargné, avec des conditions météorologiques qui ont mis à mal son vignoble ces derniers mois. "On a été attaqué par le mildiou, c’était incontrôlable cette année, même avec des produits de traitement. Là, on voit bien que tous les raisins sont fossilisés, le mildiou a attaqué les petits grains en formation et a empêché leur développement. Tout est séché maintenant, il n’y a plus de récolte", annonce-t-il, résigné.
Cyril Raveau a déjà connu des années compliquées où il a perdu jusqu'à 80% de sa récolte. Mais en 2024, le régisseur du domaine préfère se rendre à l'évidence : tout est à jeter. "On se remet en question. On se demande si on a bien fait les choses. On va profiter de cette période pour se remettre dans les vignes, nettoyer et travailler pour préparer l'année d’après. On est obligés d’aller de l’avant pour préparer le futur. Oui, c'est dur, on ravale notre salive. La nature, c’est la nature et elle nous rappelle que c'est elle qui maitrise les choses."
C’est dur pour nous petits humains, mais un vigneron travaille avec la nature et avec le temps.
Cyril RaveauRégisseur du domaine
Le domaine de Flavigny-Alésia est un cas extrême, mais en Bourgogne, la baisse de production va concerner tous les viticulteurs. En cause, gel, pluie et parfois grêle. Du côté de Molesme, au nord de la Côte-d'Or, Matthieu Dangin a aussi décidé de faire l'impasse sur 2024. Un crève-cœur pour le vigneron, alors que ses collègues ont entamé les vendanges depuis quelques jours. "On se sent mal. Sur les réseaux sociaux, on voit des vidéos de vendanges tous les jours. C’est difficile, mais on est obligés de faire avec. Zéro récolte, ça va être dur."
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Les millésimes de 2022 et 2023
Heureusement, Cyril peut s'appuyer sur les réserves des années passées. "On a fait des vins merveilleux les années où ça marche bien. On a eu des millésimes 2022 et 2023 qui étaient magnifiques et on a sorti des vins fantastiques. On va mettre un euro ou deux de plus sur chaque bouteille pour pouvoir compenser le manque à gagner sur 2024."
Matthieu compte également sur son stock des dernières années et sur les assurances. "On croise les doigts pour les prochaines récoltes", ajoute-t-il. "Ça va se reproduire à l’avenir, c'est sûr. On est sur une météo plus extrême qu’avant. C’est dur. C’est un métier qu’on fait par passion c'est sûr, mais on ne peut pas travailler pour rien."
Les deux vignerons mettent maintenant 2024 derrière eux, et espèrent des conditions météorologiques plus clémentes en 2025 pour éviter une nouvelle année noire.