Le procès en appel du maire de Roubaix, Guillaume Delbar, s'est tenu, jeudi 17 octobre, devant la cour d'appel de Douai. L'avocat général a requis trois mois de prison avec sursis à l'encontre de l'édile, accusé de négligence vis-à-vis d'une association soupçonnée de prosélytisme.
Le maire de Roubaix, Guillaume Delbar, devait une nouvelle fois s'expliquer devant la justice. Et cette fois, devant la cour d'appel de Douai. L'édile était en effet jugé de nouveau, jeudi 17 octobre 2024, pour des faits de "détournements de fonds publics par négligence" avec trois autres membres de l'association roubaisienne AAIR (Ambitions et Initiatives pour la Réussite).
Dans cette affaire, la justice reproche au maire de Roubaix, Guillaume Delbar, de ne pas avoir assez contrôlé les financements octroyés par la ville et versés à l'association. Cette dernière est suspectée de prosélytisme musulman et d'avoir enseigné le Coran à des enfants, sous couvert de soutien scolaire. Une pratique interdite lorsqu'une association reçoit des fonds publics, au nom du principe de laïcité.
Une décision mise en délibéré au 13 janvier 2025
Trois mois de prison avec sursis, sans peine d'inéligibilité, ont été requis à l'encontre du maire de Roubaix, Guillaume Delbar. Une peine moins lourde qu'en première instance. A l'époque, le parquet avait requis huit mois de prison avec sursis et une peine de trois ans d'inéligibilité contre l'élu.
Guillaume Delbar ne connaîtra son sort qu'en 2025, la décision ayant été mise en délibéré au 13 janvier prochain.
L'avocat général a également requis six mois d'emprisonnement avec sursis et une interdiction de présider une association pendant cinq ans, à l'encontre de Nordine Khabzaoui, l'ex-président de l'association AAIR. Deux autres membres de l'association étaient aussi jugés, sa compagne et le trésorier, et l'avocat général a requis un abandon des poursuites à leur encontre.
Un jugement en appel
Ce deuxième jugement intervient donc près d'un an et demi après un procès en première instance au cours duquel une relaxe générale avait été décidée, le 8 juin 2023. C'est le parquet qui avait fait appel de cette décision. C'est pourquoi un nouveau procès en appel s'est tenu, jeudi 17 octobre, devant la cour d'appel de Douai.
A l'époque, le maire de Roubaix avait ainsi commenté la décision sur X.
Ma 1ʳᵉ réaction :
— Guillaume Delbar (@GDelbar) June 8, 2023
Aujourd’hui a été rendu le délibéré concernant le procès dit de « l’association AAIR ».
L’ensemble des parties entendues ont été relaxées.
C’est un soulagement que les juges aient su écouter les différents arguments pour faire appliquer le droit.#AAIR #Roubaix
Pour rappel, l'association AAIR recevait des subventions de la ville de Roubaix afin de faire du soutien auprès de jeunes en décrochage scolaire. Mais la préfecture lui reproche d'avoir utilisé ces fonds pour dispenser un enseignement coranique. Une perquisition chez le président de l'association avait permis de découvrir des factures d'achats de manuels pour enseigner le coran à des débutants, et des invocations écrites en arabe destinées aux enfants.
De nouveau interrogé à ce sujet, Guillaume Delbar, affirme toujours avoir manqué de preuve pour intervenir. Il ajoute même :
"Si l'on devait diriger une ville par la rumeur, je ne sais pas ce que ça donnerait."
Guillaume Delbar - maire de RoubaixDéclaration devant la cour d'appel de Douai, le 17 octobre 2024
De son côté, Nordine Khabzaoui se défend également : "On ne faisait pas de cours religieux ni de prosélytisme dans notre association." Et son avocat, maître Patrick Lambert, d'ajouter : "vous pouvez faire référence au Coran et analyser une sourate sans être dans l'endoctrinement."
Dans une autre affaire, Guillaume Delbar a par ailleurs été condamné en mai dernier à six mois d'emprisonnement avec sursis et deux ans d'inéligibilité pour escroquerie en bande organisée, dans un dossier de défiscalisation frauduleuse.