L'annonce du huis clos dans le procès du violeur et meurtrier présumé d'Agnès Marin a décu le père de la jeune fille et son avocat, Me Szpiner. Cette décision était nécessaire pour protéger la première victime gardoise selon son avocate de l'autre partie civile, Me Devèze-Fabre.
Quand Frédéric Marin sort de la salle d'audience, peu après midi, au terme de la première matinée du procès du meurtrier présumé de sa fille, Agnès, c'est un homme triste qui donne sa première interview de la journée aux médias. Il se dit "très déçu" que les débats se tiennent à huis clos comme l'a annoncé, une heure plus tôt, le président de la cour d'assises du Puy-en-Velay, Christophe Ruin. "Ça doit servir à la communauté", ajoute le père d'Agnès qui souhaite "un procès aussi plus éclairé que possible" mais, selon lui, "le fait que ce soit public donne un relief que le huis clos ne peut pas donner".
Un peu plus tôt dans la matinée, à l'heure où s'est posée la publicité des débats, outre la défense de l'accusé, une autre voix s'est élevée pour demander qu'aucune publicité ne soit faite autour de ce procès, c'est celle de Me Devèze-Fabre, l'avocate de l'autre partie civile, Julie, victime de viol dans le Gard en 2010. Une victime qui "essaie de faire face et surtout de savoir que ce qu'il lui a fait subir ne sera pas plus amplement dévoilé au grand public" nous explique son conseil. Elle poursuit :"il était essentiel de préserver son intégrité psychologique puisqu'elle va devoir construire sa vie, elle ne voulait pas être marquée au fer rouge par ce dossier". Selon Me Valérie Devèze-Fabre, "la ligne rouge" a été franchi quand deux hebdomadaires nationaux ont fait état des sévices que la jeune fille avait subis tout en révélant des informations propres à son identité. A la question de savoir si la jeune fille pouvait revenir sur sa demande de huis clos total, pris tout récemment alors que le huis clos partiel était initialement envisagé, l'avocate nîmoise a dit "qu'en matière de cour d'assises, tout est possible" même si elle pense peu probable un revirement.Elle ne voulait pas être marquée au fer rouge par ce dossier. - Me Devèze-Fabre
Enfin, elle a conclu en insistant sur le fait qu il "n'a jamais été question dans notre esprit d'être complices d'une dissimulation des erreurs qui ont pu être commises par les uns ou par les autres, ce que mon confrère, Me Szpiner, soulèvera très probablement".
Le huis clos favorise la rumeur, la suspicion et le doute. - Me Francis Szpiner
Du côté de la défense, et conformément à une ligne observée depuis plusieurs mois, aucun commentaire n'a été fait à l'issue de la première matinée d'audience. Les conseils de Matthieu M. violeur présumé de Julie dans le Gard en 2010, violeur et meurtrier présumé d'Agnès au Chambon-sur-Lignon, en 2011, ont trouvé un leitmotiv en réponse aux questions de la presse : "ni avant, ni pendant, ni après". La défense du jeune homme, majeur aujourd'hui mais mineur au moment des faits qui lui sont reprochés, avait demandé un huis clos total en affirmant notamment que leur client serait davantage bavard si l'audience se réduisait.Ni avant, ni pendant, ni après. - Me Isabelle Mimran