Les enquêteurs français étaient présents tôt ce matin pour l'arrestation par la police britannique de Zaid-al-Hill manifestement suspecté d'être impliqué dans la mort de son frère et de son entourage à Chevaline .La piste familiale, un moment écartée, semble maintenant privilégiée.
La piste familiale dans l'enquête sur la tuerie qui a fait quatre morts à Chevaline (Alpes françaises), menée depuis la France, se concentre autour du frère de Saad al-Hilli, Zaid, arrêté lundi près de Londres.Vers 07H30 ce matin, Zaid al-Hilli, 54 ans, soupçonné "d'avoir participé à un complot pour commettre un meurtre", a été interpellé dans le comté du Surrey, près de Londres, où vivait la famille al-Hilli.
"Nous avons estimé qu'il y avait suffisamment de charges pour entendre le frère de la victime sous le régime de la garde à vue", a indiqué à l'AFP le procureur de la République d'Annecy, Eric Maillaud. "Nous devons lui poser des questions sur son emploi du temps, ses relations avec son frère et l'héritage familial", a ajouté le magistrat.Les enquêteurs ont également procédé à des perquisitions sur le lieu de travail et au domicile du suspect.
Une succession difficile
Le 5 septembre dernier, Saad al-Hilli, .Britannique d'origine irakienne de 50 ans, sa femme Iqbal, 47 ans, et sa belle-mère Suhaila al-Allaf, 74 ans, de nationalité suédoise, avaient été retrouvés morts, tués de plusieurs balles dans la tête, à Chevaline, près du lac d'Annecy où ils séjournaient vacances. Sylvain Mollier,un cycliste de la région, probable victime collatérale, gisait à côté de leur véhicule.
Saad et Zaid al-Hilli étaient en conflit depuis plusieurs mois à propos de l'héritage de leur père portant sur plusieurs millions d'euros, en argent, en biens et en immeubles. Parmi les biens en litige figure notamment un compte en Suisse créditeur de 780.000 livres sterling (environ 917.000 euros)."Si l'héritage pourrait être un mobile, il n'est pas une preuve", a nuancé le procureur.
Convoqué, il refuse de se déplacer
Avec cette arrestation, la piste du différend familial est une fois de plus approfondie.Zaid, avait déjà été longuement entendu en septembre, puis en mars dernier par les policiers. Convoqué le 21 juin dernier en France par les juges d'instruction,le quinquagénaire a refusé de se déplacer, ce qui explique notamment son placementen garde à vue, a précisé M. Maillaud. "Une arrestation ne fait pas un meurtrier. La garde à vue s'inscrit dans le processus logique des investigations", a souligné le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann.
"Nous avons une liste de questions sans réponses à lui poser", a ajouté le commandant de la section de recherches en charge de l'enquête, se refusant à donner plus d'explications.
Trois enquêteurs français ont été envoyés aux côtés des policiers britanniques pour procéder à l'interrogatoire. Le suspect, qui a passé une visite médicale,est assisté d'un avocat, a précisé une source proche du dossier.
Dans une interview accordée à ITV News, M. Maillaud a indiqué que Saad al-Hilli "avait peur pour sa vie" en raison "de son désir de récupérer la fortune de son père et les conflits que cela occasionnait avec sa famille".
Perquisitions
Décédé en 2011 en Espagne, le père de Saad al-Hilli avait laissé deux projets de testaments "qui ne sont pas compatibles", avait indiqué le procureur il y a deux semaines. Le premier, rédigé semble-t-il sous l'influence de Zaid, déshéritait complètement Saad. Le deuxième, qui aurait été écrit après une explication entre les deux frères, rétablissait un partage équitable de la fortune paternelle.Parallèlement à l'arrestation, des perquisitions du domicile britannique de Zaid al-Hilli et de son lieu de travail, un golf dans il est le gérant, ont été entreprises lundi. Des ordinateurs devaient être saisis, selon des sources concordantes.
Récemment, ce sont des appels téléphoniques entre la Roumanie et Zaid qui ont intrigué les enquêteurs, mais le procureur avait assuré que ces appels vers la Roumanie n'avaient "strictement rien d'une piste sérieuse".En novembre, l'hypothèse d'un "tueur à gages low-cost venu des Balkans", avait été évoquée par M. Maillaud, avec maintes précautions en raison des circonstances de la tuerie.
A première vue les meurtres semblaient peu compatibles avec le travail d'un professionnel : trop de douilles laissées sur les lieux, une victime collatérale et deux survivantes potentiellement témoins (les deux filles al-Hilli: Zainab, 7 ans, et Zeena, 4 ans). "Aucune piste n'est complètement fermée, mais la piste familiale figure parmi
les plus intéressantes", a conclu M. Maillaud.Le métier de Saad al-Hilli, qui a travaillé pour une société leader mondial desmicro-satellites, ainsi que son pays d'origine, l'Irak, ont également été évoqués au début de l'enquête comme pouvant fournir des pistes.