Vendredi 28 juin, la cour d'Assises des mineurs de Haute-Loire a rendu son verdict. Matthieu, 19 ans, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat et le viol d'Agnès Marin. La défense va faire appel.
Les avocates de Matthieu, 19 ans, ont annoncé samedi 29 juin leur décision de faire appel du verdict des Assises pour mineurs, rendu la veille à Puy-en-Velay.
"ll s'agit de la peine la plus lourde pouvant être prononcée", ont expliqué Me Isabelle Mimran et Me Joëlle Diez, "et l'excuse de minorité a été levée".
La défense de Matthieu entend "rappeler solennellement les dispositions de l'article 306 alinéa 6 du code de procédure pénale, interdisant la divulgation de l'identité d'un mineur, ayant constaté leurs violations répétées dans les organes de presse et médias notamment nationaux".
Une peine très supérieure au réquisitoire de l'avocate générale
Après un délibéré de plus de 4 heures, la cour est allée bien au delà des réquisitions du ministère public qui avait réclamé 30 ans de réclusion criminelle.
Fait inédit, c'est aussi la première fois depuis la condamnation à perpétuité de Patrick Dils le 27 janvier 1989, pour un double meurtre (alors qu'il était mineur au moment des faits), que la cour ne prend pas en compte l'excuse atténuante de minorité.
Lors de son réquisitoire, l'avocate générale, Jeanne-Marie Vermeulin, avait écarté cette excuse de minorité, qui aurait pu limiter la peine encourue à vingt ans.
"On ne s'y attendait pas", a confié Solange Marin, la grand-mère d'Agnès. "La cour a vu en lui un criminel exceptionnel, elle lui a infligé une peine exceptionnelle".
L'avocate générale avait qualifié la personnalité de Matthieu d'"ultra dangereuse", estimant que le jeune homme était responsable de ses actes. Elle s'est montrée pessimiste sur ses chances "d'amélioration", jugeant nécessaire d'éviter "de nouveaux drames".
Le ministère public avait demandé aux jurés d'assortir la condamnation d'une injonction de soins "sans limitation de durée", mais celle-ci n'a pas été suivie par les jurés.
Durant tout le procès, la personnalité de l'accusé a été au centre des débats. Qui est vraiment Matthieu ? Un garçon jugé non dangereux par un psychiatre montpelliérain malgré le viol, sous la menace d'un couteau, d'une amie alors âgée de 16 ans ?
Ou une personnalité bien plus inquiétante, qui a su s'engouffrer dans toutes les failles du suivi judiciaire, jusqu'au terrible passage à l'acte, le meurtre d'Agnès ?
L'attitude de Matthieu durant le procès, depuis son ouverture le 18 juin, l'aura aussi sans doute desservi.
Il a répété ne pas se souvenir, et s'est endormi au moment où les photos de l'autopsie d'Agnès ont été montrées.
Durant tout le réquisitoire puis l'énoncé du verdict, il est resté prostré, la tête dans les genoux, sans jamais montrer son visage.
La famille d'Agnès pourrait également poursuivre l'ensemble de la chaîne qui a conduit au meurtre de leur fille.