Cette semaine, le Journal des Alpes vous propose une série consacrée à quelques-uns des grands écrivains de notre région. Pour le troisième épisode, nous avons rencontré Jon Steele, ancien reporter de guerre reconverti dans le polar.
Il en a gardé la noirceur sans doute, qui imprègne les pages comme une encre invisible... La guerre a été le quotidien de Jon Steele pendant 25 ans. Comme une drogue, il ne parvenait pas à s'en défaire. Et puis un jour, envie d'ailleurs, il débarque à Lausanne.
"Je me suis dit, ici personne ne pourra me tirer dessus!" Il fallait évacuer les souvenirs, le passé. Dans le calme de son bureau, Jon Steele reste hanté par les nombreuses images qu'il a engrangées lorsqu'il était cameraman. "Je ne pouvais plus faire ça, j'en avais trop vu".
Ce métier d'écrivain, il le pratique avec ferveur et passion, habité, comme il est habité par ses reportages de guerre. "Parfois je dîne avec ma femme. Je marmonne tout seul. Elle me dit 'mais qu'est-ce-que tu fais ?' "Ce n'est rien', je réponds, 'c'est un de mes personnages qui me parle'".
"Ce n'est pas une vocation", ajoute-t-il, "c'est une obsession"...
Dans ses romans, il ne parle pas de guerre. Il n'est pas ce genre d'auteur. Son truc, c'est le polar, bien noir. Dans "The watchers" (publié aux éditions Decitre), le héros, c'est le guet de la cathédrale de Lausanne. Un drôle de Quasimodo...