Des voix se sont élevées ce dimanche 15 septembre en Suisse pour un durcissement des lois contre les agresseurs sexuels, après le meurtre d'une thérapeute qui accompagnait dans le cadre d'une sortie thérapeutique un violeur incarcéré.
Les polices Suisse, Françaises et Allemandes sont toujours ce dimanche à la recherche du
Interpol a lancé un mandat d'arrêt international contre Fabrice Anthamatten, le détenu qu'elle accompagnait.
Ce Franco-Suisse âgé de 39 ans avait été condamné en France à 15 ans de prison pour un viol, commis après une mise en liberté provisoire en Suisse, où il avait été condamné à 5 ans de prison pour une précédente affaire de viol en 2001. Il avait demandé à effectuer sa peine française en Suisse et y avait été transféré.
Dans sa prison à Genève, il bénéficiait d'un programme thérapeutique qui comportait des exercices équestres. Jeudi 12 septembre, il avait fait sa deuxième sortie accompagnée, avec la thérapeute.
Le meurtre d'Adeline Morel, dont le corps a été retrouvé dans un bois près du centre équestre où ils étaient attendus, a choqué.
Des voix s'élèvent
"On a dépassé la ligne rouge, cela ne peut pas continuer", a déclaré Anita Chaaban, militante des droits des femmes, à l'hebdomadaire Schweiz am Sonntag. Mme Chaaban a indiqué qu'elle allait proposer un référendum pour créer un registre centralisé des agresseurs sexuels. Leurs noms resteraient inscrits même une fois leur peine accomplie, et ce, jusqu'à leur mort.En 2004, Mme Chaaban avait inspiré une loi condamnant à la prison à vie les agresseurs
sexuels les plus violents.
Une députée de l'Union démocratique du centre (UDC, droite populiste), Natalie Rickli, a de son côté annoncé qu'elle allait déposer un projet de loi interdisant les autorisations de sortie des criminels sexuels incarcérés.
Beat Villiger, vice-président de l'association cantonale de la justice et de la police, a déclaré à l'hebdomadaire Sonntags Blick que la législation avait besoin d'être modifiée pour que seuls des hommes puissent accompagner des criminels sexuels lors de leurs sorties.
La thérapeute, une femme de 34 ans mère d'un enfant de huit mois, était seule jeudi dernier avec le prisonnier lorsqu'elle l'a amené au centre équestre.
La psychiatre lyonnaise Liliane Daligand avait entendu une des victimes de Fabrice Anthamatten en 2002, elle intervenait alors comme experte auprès de la Cour d'Assises de l'Ain: "Il m'apparaît difficile de dresser un portrait clinique de Fabrice Anthamatten car je suis intervenue comme expert auprès de sa victime, et non pas de l'auteur. Néanmoins de par la force du témoignage de cette dernière, et au vu de mon expérience dans de nombreuses affaires criminelles, cet homme semble extrêmement dangereux, c'est une bombe à retardement prête à exploser de nouveau. Il est allé en s'aggravant et cela m'étonne que l'on n'ait pas pris plus de précautions quant à son suivi. Dans cette nouvelle affaire, il était seul dans une voiture avec une femme, exactement les mêmes conditions qu'avec la victime que j'ai entendue à l'époque. Elle aussi s'était retrouvée seule avec son agresseur, qui l'avait menacée d'un couteau puis violé".
Une traque sans relâche
Un important dispositif de recherches s'est concentré en fin de semaine dans la région de Bâle, aux frontières de la Suisse, de la France et de l'Allemagne.Les recherches avaient été déclenchées à la suite de la localisation du signal du téléphone portable de la jeune femme tuée et présumée victime de Fabrice Anthamatten .
Le chef du département de la sécurité de Genève a annoncé la suspension de toutes les sorties des établissements pénitentiaires genevois.