Lyon - Christophe Honoré signe "Dialogues des carmélites"

C'est une mise en scène d'aujourd'hui que signe à Lyon le cinéaste et metteur en scène de théâtre Christophe Honoré, pour son premier opéra, les "Dialogues des carmélites", de Francis Poulenc, d'après une pièce de l'écrivain Georges Bernanos.

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Le chef-d'oeuvre de Poulenc et Bernanos (1957) est tiré d'une histoire vraie: celle des carmélites de Compiègne, arrêtées et guillotinées en 1794 pendant la Terreur.

L'opéra est en soi une gageure: 2H30 d'interrogations métaphysiques autour de la mort et de la foi, sans aucune intrigue amoureuse! C'est compter sans le livret, qui donne à chaque soeur une humanité bouleversante, et la partition inspirée de Poulenc, qui fait de ces "Dialogues" un opéra phare du 20e siècle.

Autour de la figure centrale de la jeune aristocrate Blanche de la Force, torturée par la peur et réfugiée au couvent pour tenter d'y trouver la paix, les carmélites sont des femmes en proie au doute, à la révolte, à la peur, jeunes et gaies, aimantes ou autoritaires. Pour toucher du doigt la vie des religieuses, Christophe Honoré est allé à la rencontre des soeurs, à Lyon et Pontoise. Il a trouvé "des femmes qui travaillent, qui ont des ordinateurs, des femmes d'aujourd'hui".

Dans l'opéra, on voit donc un carmel actuel, aux grandes baies vitrées donnant sur la ville, où les tables et les bancs de réfectoire ont l'allure des cantines d'aujourd'hui. Dans la mise en scène, les soeurs ne portent pas l'habit religieux, sauf ponctuellement pour les prières et les messes. Elles travaillent, s'affairent, et surtout, se soutiennent, s'embrassent: on sent la chaleur d'une communauté assiégée.

Christophe Honoré a réussi son pari de parler des carmélites de la façon "la plus humaine possible, qu'elles ne soient pas seulement une collectivité, mais des personnalités différentes, que ce soit concret, trivial, charnel".


Guillotinées ...

La Terreur est symbolisée par la foule dirigée par des "commissaires politiques" qui empruntent plus à la gauche révolutionnaire des années 70 qu'à la révolution française, et sont de fait bien moins terrifiants.

La scène finale de l'opéra, la mort sur l'échafaud, offre une image quasiment cinématographique: les soeurs se dirigent une à une vers une vaste ouverture dans la paroi de leur prison et basculent dans le vide au son du couperet de la guillotine, "simulé par un claquement", selon les indications de Poulenc.

La partition dirigée par le chef attitré de l'orchestre de l'Opéra de Lyon Kazushi Ono. Une distribution francophone porte haut les "Dialogues" : citons la jeune soprano québécoise Hélène Guilmette, dans le rôle de Blanche, et la Française Sabine Devieilhe, dans le rôle de la jeune Constance, la benjamine du carmel.

Dialogues des Carmlites est donné à l'Opéra de Lyon du 12 au 26 octobre 2013.
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