Fonds de roulement insuffisant, dérive du coût de financement de l'hôpital d'Estaing, grossissement de la dette. La gestion financière du CHU de Clermont-Ferrand affiche, selon la Chambre régionale des comptes, des dérives importantes.
D'entrée, la synthèse produite par la Chambre régionale des comptes, qui restitue une étude menée sur la gestion menée de 2005 à 2012, ne laisse aucune place au doute : "La situation financière du CHU est dégradée sur l’ensemble de la période."
Plombé par un fonds de roulement insuffisant, "Le déficit comptable cumulé de près de 30 M€ en 2011, dépasse 51 M€ fin 2012 après correction d’écritures." A cette situation calamiteuse s'ajoute un endettement chronique "L’encours de la dette a plus que quadruplé de 2005 (75,7 M€) à 2010 (334,0 M€), malgré la réalisation de certains équipements en partenariat public privé. Ceux-ci réintégrés, l’endettement s’établit à 352,6 M€ à fin 2011, et représentent près de 70 % des recettes de fonctionnement, ce qui situe le CHU parmi les plus endettés"
La Chambre régionale des comptes rappelle qu'une prise de conscience a eu lieu, et deux tentatives de sauvetage. Un premier contrat de retour à l'équilibre a eu lieu en 2008 à l'ARS, suivi, après échec, d'un nouveau contrat.
Le financement de la construction de l'hôpital d'Estaing, du à la vétusté de l'Hôtel-Dieu, est également montré du doigt pour ses débordements " Dès le début de l’exercice 2005, les perspectives de dépassement financier de l’enveloppe ont contraint le conseil d’administration à sortir le parking et l’installation de production d’énergies du périmètre de la construction. [...] Après révision des prix et grâce à la réutilisation partielle des équipements de l’Hôtel-Dieu qui a permis de réduire l’achat d’équipements à 18 M€, le montant total des dépenses réalisées s’établit à 263,90 M€, auxquels s’ajoutent 10,66 M€ pour le bâtiment et les équipements de production d’énergies, soit un total de 274,56 M€, supérieur de plus de 70 M€ à la prévision initiale. La vente de l’ancien Hôtel-Dieu estimée à 25 M€ n’ayant pas été, à ce jour, réalisée, ce sont ainsi 100 M€ d’emprunts supplémentaires qui ont dû être contractés."
La direction du CHU réagit
Dans un courrier adressé à la Présidente de la Chambre régionale des comptes daté du 5 août, le Directeur général du CHU Alain Meunier, "souligne l'engagement de la direction du CHU dans la restauration progressive de la qualité des comptes."
Dans sa réponse, Alain Meunier prend acte des constatations de la Chambre régionale des comptes, notamment concernant l'insuffisance de la capacité d'autofinancement du CHU. Il souligne cependant que "le plan de retour à l'équilibre financier 2013-2016 [...] s'est fixé pour objectif la restauration d'une capacité d'autofinancement nette du remboursement du capital des emprunts compatible avec ses besoins d'investissements courants"
Sur le problème de l'endettement, il rappelle que "cet endettement élevé résulte uniquement des deux opérations immobilières précitées, mises en service en 2010, [...] pour un total de près de 300M d'euros. [...] Pour la réalisation des investissements courants, indispensables à ses activités médicales et à son fonctionement, le CHU n'a donc d'autres solutions que de prélever sur son fonds de roulement, ce qui dégrade fortement sa trésorerie."