Foot : la grève contre la taxation à 75% des hauts salaires

Les clubs de football professionnels français ont décidé jeudi à l'unanimité de se mettre en grève le dernier week-end de novembre, une menace spectaculaire qui vise le projet de taxe à 75% sur les plus hautes rémunérations.

"Nous sommes devant un mouvement historique, à l'unanimité, avec une vraie détermination pour sauver le foot, avec un week-end sans match à la fin du mois de novembre", a lancé Jean-Pierre Louvel, président de l'Union des clubs professionnels (UCPF), à l'issue d'un assemblée générale extraordinaire de son instance, jeudi à Paris.

La dernière grève du foot français remonte à 1972

Avec ce mouvement, les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 veulent "confirmer leur opposition résolue au projet de taxe à 75%", a poursuivi le patron des clubs de foot pro.

"Soyons conscients du drame que vit le foot, nous sommes le seul pays qui taxe des entreprises qui perdent de l'argent", a souligné M. Louvel. "Je souhaite que notre action fasse évoluer les politiques sur cette mesure". La perte cumulée des deux divisions (L1 et L2) est de 108 millions d'euros en
2011/12 en cette période de crise, selon les chiffres du monde pro. 

Les clubs demandent aux pouvoirs publics l'abandon du projet de taxe.

Un rendez-vous entre les patrons du foot français et le président de la république François Hollande, est prévu la semaine prochaine, sans doute jeudi.Un calendrier qui laisse encore le temps aux protagonistes pour tenter de sortir de la crise en douceur. "S'il n'y a pas de consensus - par consensus j'entends des paroles qui se traduisent en actes - trouvé avec le Président de la République, nous continuerons l'action quelle que soit la forme", a prévenu M. Louvel, qui est aussi président du Havre (Ligue 2).

"S'il n'y a pas de consensus, de toute façon, quand on est au bord de la falaise, toute est possible". Le dialogue avec les pouvoirs publics s'annonce ardu. Matignon a ainsi affirmé jeudi qu'un club de football était traité, au regard de la taxe à 75%, "comme une entreprise comme une autre".


Quelle réaction du public?

La réaction de l'opinion publique sera toute aussi compliquée, alors qu'un récent sondage montrait que 82% des Français avaient une mauvaise image des Bleus, trois ans après la fameuse grève de Knysna. 

Pour faire comprendre le message véhiculé par cette "journée blanche", les clubs pros vont "organiser des opérations avec tous les fans de football", a ajouté M. Louvel. Une journée portes ouvertes dans les stades, où responsables et dirigeants recevront les supporters pour leur expliquer le mouvement.

Le match vedette du week-end de grève, du 29 novembre au 2 décembre, est un Paris SG-Lyon le dimanche soir qui devait être diffusé par Canal+.
La réaction des diffuseurs télé sera d'ailleurs très attendue: peuvent-ils porter plainte contre les clubs pour demander réparation ?

Taxe à 75% : 75% de quoi?
Les députés ont voté vendredi dernier la nouvelle mouture de la taxe à 75% pour les très hautes rémunérations. Elle fait partie du projet de budget 2014 devant ensuite être examiné au Sénat avant de revenir vers l'Assemblée nationale, qui aura le dernier mot.

Cette "contribution exceptionnelle de solidarité" est assise sur la fraction de la rémunération supérieure à un million d'euros versée par les entreprises. Elle s'appliquera uniquement pendant deux ans, sur les rémunérations de 2013 et 2014.

Elle représenterait une charge totale de 44 millions d'euros pour la L1. Une estimation basée sur les hauts revenus d'environ 120 joueurs des 14 clubs concernés, selon un argumentaire du foot professionnel.

Mercredi, toutes les composantes du football professionnel -- Ligue de Football Professionnel (LFP), syndicats des clubs (UCPF), des joueurs (UNFP), des entraîneurs (UNECATEF) et des administratifs (UAF) -- avaient décidé d'un boycott jusqu'à nouvel ordre de la commission sur la compétitivité du foot (dite du "foot durable") mise en place par le ministère des Sports le 25 septembre.
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