Les sages-femmes revendiquent le statut de "praticien hospitalier"

Elles sont en grève depuis le 16 octobre pour réclamer plus de considération de la part des pouvoirs publics. Les sages-femmes veulent un statut à hauteur de leurs compétences : celui de "praticien hospitalier".

Les sages-femmes sont en grève depuis le 16 octobre pour obtenir une modification de leur statut et obtenir celui de "praticien hospitalier". Elles veulent une meilleure reconnaissance de leurs compétences accompagnée d'une revalorisation salariale. Elisabeth Tarraga, secrétaire nationale de l'organisation nationale des syndicats de sages-femmes, elle-même sage-femme à Chamalières (Puy-de-Dôme), était l'invitée du journal de France 3 Auvergne, le 31 octobre à 19h. Entretien.
 
Jean-Paul Vincent : Pourquoi ce mouvement de grève chez les sages-femmes ?
Elisabeth Tarraga : Il y a un problème de reconnaissance des sages-femmes au sein de l'appareil médical
En fait, notre classification est claire : on est bien classé en profession médicale comme les médecins ou les dentistes mais, à l'hôpital, notre statut est celui d'une profession non médicale. Ça ne correspond pas à la compétence ni à notre travail.
 
Ce problème de reconnaissance ne vient-il pas d'un problème de connaissance du grand public qui vous connaît très mal, qui connaît mal vos champs de compétences et qui ne s'adressent pas automatiquement à vous ?
Effectivement, et c'est une des deux revendications essentielles de notre mouvement, c'est la reconnaissance de la sage-femme comme praticien de premier recours pour tout ce qui concerne la grossesse, le suivi gynécologique…On a cette compétence et les femmes ne savent pas qu'elles peuvent s'adresser à nous. En tout cas, beaucoup d'entre elles ne le savent pas.
 
A quoi est due cette méconnaissance du grand public selon vous ?
C'est d'abord dû au fait que les sages-femmes n'étaient pas en ville avant et qu'on les voit davantage comme celles qui font l'accouchement à l'hôpital et pas forcément comme celles qui font la consultation. Et puis il peut y avoir quelques freins avec des certains médecins. On travaille en bonne collaboration avec la plupart mais certains peuvent avoir un peu de réticence à adresser à une sage-femme. Il ne s'agit pas non plus de faire la guerre aux médecins mais simplement de reconnaître les compétences de chacun et que les femmes soient orientées en fonction de leurs risques réels.

Beaucoup de femmes ne savent pas qu'elles peuvent s'adresser à nous.

Vous, les sages-femmes, avez-vous fait ce qu'il fallait pour faire connaître au grand public, et pas seulement aux politiques, vos compétences ?
Toutes les femmes rencontrent une sage-femme au cours de la grossesse, que ce soit pendant la grossesse ou au moment de l'accouchement. La majorité des accouchements en France sont pratiqués par les sages-femmes et les femmes découvrent à ce moment-là le métier. Mais il est vrai qu'on ne va pas faire de la publicité, d'abord on n'a pas le droit, mais qu'on devrait peut-être mieux informer la population. On demande qu'il y aie des actions de faites par la Sécurité Sociale ou les politiques.
 
Si vous avez cette compétence là, à quelle moment se fait la différence entre vous et un médecin-généraliste ou un gynécologue ?
D'une façon très simple : la grossesse n'est pas une maladie, le suivi gynécologique n'est pas non plus une maladie, prescrire une contraception ne s'adresse pas à une femme malade et nous sommes compétentes pour tout ce qui est "normal". Lorsqu'on dépiste une pathologie, puisqu'on peut dépister et prescrire des examens médicaux, on doit alors adresser notre patiente à un médecin.
 
Il y a 20 000 sages-femmes en France, quelle est la répartition entre le milieu hospitalier et le milieu libéral ?
Il y a 4 000 sages-femmes libérales, à l'heure actuelle, en France. C'est une démographie qui augmente d'année en année. Pendant longtemps, les sages-femmes ont exercé essentiellement à l'hôpital et, depuis une dizaine d'années, les sages-femmes recommencent à investir les soins de ville et à s'installer en libéral. 

Reportage de Sébastien Kerroux et Fabrice Dutriaux. Intervenants : Emeline Beaune (Sage-femme), Dr Yves Chany (Gynécologue obstétricien au Centre Hospitalier de Moulins)

 

Rassemblement à Clermont-Ferrand, samedi 2 novembre
Les sages-femmes seront sur la place de Jaude, samedi à 14h, pour expliquer les raisons de leur mouvement social, jusqu'à 17h.
Une autre manifestation aura lieu à Paris, le 7 novembre, deux bus devraient partir de Clermont-Ferrand ce jour-là.
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