Neuf personnes comparaissent à partir de mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour un projet d'évasion prêté en 2010 à Smaïn Aït Ali Belkacem, un des auteurs de la vague d'attentats islamistes de 1995.

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Smaïn Aït Ali Belkacem, Algérien de 45 ans, ancien membre du Groupe islamique armé (GIA), avait été condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle dans l'attentat à la bombe à la station RER Musée d'Orsay, à Paris, le 17 octobre 1995 (30 blessés).
 
Lui et un autre des prévenus, l'islamiste franco-algérien Djamel Beghal, 47 ans, sont également poursuivis pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", passible de 10 ans de prison (peine pouvant être doublée, tous deux étant en état de récidive). Leurs avocats contestent cette incrimination, affirmant que le dossier est "complètement vide" et que l'accusation repose sur un "imaginaire judiciaire". Six autres prévenus, initialement également inculpés pour terrorisme sont poursuivis pour "participation à une entente en vue de la préparation d'une évasion avec arme", délit passible de 10 ans d'emprisonnement, et le dernier pour recel.
 
A l'origine de l'affaire, un signalement en février 2010 de la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Versailles sur la possible préparation d'une action criminelle par un "groupe d'islamistes radicaux en lien avec -un frère' résidant dans le Cantal". En l'occurrence Djamel Beghal, condamné à dix ans de prison pour un projet d'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris et assigné à résidence dans un hôtel de Murat (Cantal) après avoir purgé sa peine. Surveillances et interceptions téléphoniques donnaient aux enquêteurs la certitude qu'un projet d'évasion se préparait à la centrale de Clairvaux (Aube), où était incarcéré Belkacem, qui détenait un portable interdit... et placé sur écoutes. La prudence des communications, l'emploi de termes codés, de surnoms, d'intermédiaires, le changement de puces téléphoniques avaient renforcé cette conviction.
 
En mai 2010, coup de filet des enquêteurs qui arrêtent 14 personnes dont Belkacem et un autre détenu de Clairvaux, Fouad Bassim, 40 ans, condamné à 14 ans pour l'attaque d'un bureau de poste de Meaux (Seine-et-Marne) pendant laquelle il avait ouvert le feu sur des policiers. Chez un des suspects, Teddy Valcy, 35 ans, plusieurs fois condamné pour des vols à main armée, ils saisissent une Kalachnikov avec un chargeur engagé, des fumigènes, une tenue de police pour les interventions avec un brassard de police.
 

Toxine du botulisme

 
Dans la cellule de M. Belkacem, outre des disques durs, les enquêteurs saisissent des feuilles manuscrites en arabe. Traduites, elles révèlent des recettes pour préparer du poison de façon artisanale à partir de pépins de pomme ou de viande pourrie, le plus à craindre étant selon un expert toxicologue, la toxine très puissante du botulisme qui peut servir à contaminer un réservoir d'eau ou la chaîne alimentaire. C'est ce qui vaut à Belkacem et Beghal les poursuites pour terrorisme. "Il n'y a aucun élément sérieux, concordant, pour apporter le moindre soupçon. Il n'y a absolument rien. On puise le caractère terroriste uniquement dans la biographie de Belkacem, c'est l'imaginaire judiciaire qui vient se substituer aux faits" réplique son avocat, Philippe van der Meulen, concédant juste que "l'on peut juger des personnes pour dire lesquelles on pu réfléchir à, voire préparer un projet d'évasion".
 
Même tonalité chez le conseil de Beghal, Bérenger Tourné. "Ce dossier est vide, vide de tout projet d'attentat, c'est un scandale depuis le début. En réalité on lui fait un procès parce qu'il est islamiste, c'est une islamophobie qui ne sert pas la justice". L'avocat demande en outre au tribunal de déclarer nul l'acte de renvoi (mise en accusation), au motif qu'il reprend des PV d'interrogatoires de son client dont il avait obtenu l'annulation.
 
Le procès est prévu jusqu'au 22 octobre.
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