Sortie officielle en salle aujourd'hui du film "La marche ". Un film librement inspiré de la marche pacifique pour l'égalité et contre le racisme née en octobre 1983 aux Minguettes à Venissieux. On vous raconte ici le tournage à travers les témoignages des comédiens et des acteurs de l'époque.
Toute l'équipe du film est venue début novembre à Lyon présenter elle -même "La marche" lors d'une projection en avant-première à l'UGC Confluence . L'occasion pour le réalisateur Nabil Ben Yadir et ses comédiens de rendre hommage aux vrais acteurs de cette marche pour l'égalité et contre le racisme lancée en octobre 1983 par un petit groupe de jeunes immigrés, issus de la cité des Minguettes à Vénissieux.
Nous vous proposons ici en bonus les interviews en longueur tournées début novembre par Myriam Figureau et Fred Llop .
Nabil BenYadir, le réalisateur belge, explique qu'il n'a pas voulu faire un documentaire mais un film librement inspiré des événements de l'époque. Il n'a tourné à Lyon qu'une scène du film, place Bellecour, et n'a pas réalisé d'images des Minguettes. Tout simplement parce que le quartier avait changé de physionomie entretemps et qu'il ne pouvait plus restituer le contexte de l'époque. Il considère que le sujet du film n'a par ailleurs rien perdu de son actualité.
Olivier Gourmet incarne le Père Delorme, le prêtre lyonnais qui a organisé la marche de l'époque pendant l'hiver 1983. Lui et le père Delorme ont pu faire connaissance à l'occasion du tournage d'une des scènes du film en avril dernier. Mais là aussi le personnage campé par O. Gourmet est une libre interprétation de la réalité du moment.
Le personnage de Djamel Debbouze est lui, créé de toutes pièces. Un personnage inventé mais "actuel" s'empresse de préciser l'acteur tant les événements d'hier pourraient se répéter aujourd'hui, même si le contexte a évolué depuis. "Notre histoire à nous, enfants d'immigrés n'est pas assez racontée" explique-t-il alors que "c'est aussi notre histoire commune".
Lubna Azabal est dans le film, l'une des premières "marcheuses". Avec une poignée de militants pacifistes, elle traverse la France de Marseille à Paris pour défendre ses convictions. Elle explique que le tournage du film s'est fait dans l'esprit de l'époque, un pas après l'autre, dans l'itinérance. Un tournage "physique" où il a fallu apprendre à prendre sur soi au profit du collectif. Une équipe soudée et une "belle aventure humaine", dit-elle, pour tous les comédiens .
Toumi Djaïdja est le personnage central du film. C'est bien dans son esprit que naît à Vénissieux , en octobre 1983, "la marche pour l'égalité et contre le racisme". Une initiative qui surgit après qu'il ait reçu une balle tirée volontairement sur lui aux Minguettes. Dans le contexte de l'époque, les immigrés sont la cible d'une violence aveugle. Mais plutôt que de se venger, Toumi Djaidja va imaginer cette marche pacifiste pour réveiller les consciences. Ils sont une poignée à démarrer la marche à Marseille, il sont une foule à leur arrivée à Paris.Toumi Djaïdja explique qu'il a parfaitement retrouvé la philosophie de cette démarche dans le film.
Nader Boussandel, l'un des acteurs de "La marche", dit avoir réappris cette partie de l'histoire de France, en lisant le scénario du film. Une histoire à laquelle "il est attaché de par ses origines". Il vit sa présence dans le film comme "une immense fierté"...