Les cheminots de toute la France entament, ce mercredi 11 décembre au soir et jusqu'à vendredi matin, une grève pour protester contre la réforme ferroviaire à la SNCF, avec en moyenne sept trains prévus sur 10 sur les grandes lignes et six TER sur 10.
Les prévisions de trafic annoncées par la SNCF présagent d'une mobilisation plus faible qu'en juin, lors de la grève précédente. Elle avait alors été suivie par environ 70% des agents de conduite et des contrôleurs, perturbant fortement le trafic, avec quatre trains sur dix circulant en moyenne. Cette fois, la CFDT ne s'est pas associée au mouvement lancé par les trois premiers syndicats de cheminots - CGT, Unsa et Sud-Rail, qui ont été rejoints par FO et FiRST.
Le préavis de grève court de mercredi 19 heures à vendredi 8 heures et aucun train ne circulera les nuits de mercredi à jeudi, ainsi que de jeudi à vendredi.
En détail, six TGV sur 10 circuleront jeudi, selon la direction de la SNCF. Le trafic sera normal sur les Eurostar et Thalys. Sept Lyria sur dix rouleront, de même pour les trains vers l'Italie.
Six TER sur 10 sont prévus et un Intercités sur deux en moyenne, avec de grandes disparités selon les régions.
>>> A télécharger - Le programme de circulation des TER en Rhône-Alpes
La grande réforme en cause
Comme en juin, les cheminots s'élèvent contre le projet de réforme ferroviaire, qui doit être débattu au parlement après les municipales. Cette réforme vise à stabiliser la dette du système ferroviaire, actuellement de 40 milliards d'euros (dont 32 mds pour Réseau ferré de France) en supprimant des redondances d'activités, et à préparer le secteur à l'ouverture à la concurrence du transport de voyageurs.
Le gouvernement entend unifier au sein d'un même pôle public la SNCF et les entités qui gèrent l'infrastructure ferroviaire. Mais la configuration prévue - deux établissements chapeautés par un troisième établissement - ne convient pas aux syndicats qui redoutent un "éclatement" du système ferroviaire.
"Dans les faits, le projet crée trois entreprises publiques. Cela ne garantit ni la cohésion économique, ni la cohésion sociale et encore moins la cohésion technique nécessaire", affirme le secrétaire général de la CGT Cheminots, Gilbert Garrel.
Les cheminots craignent également un nivellement par le bas de leur statut. "Des engagements très clairs ont été pris par le gouvernement, en particulier sur le maintien du statut, sur l'unité sociale du groupe", explique François Nogué, directeur général délégué chargé de la cohésion et des ressources humaines du groupe SNCF. Il estime toutefois "compréhensible" la volonté des organisations syndicales "de peser sur une réforme qui va impacter les structures de l'entreprise". Des revendications sur l'emploi, les conditions de travail et les salaires s'agrègent à l'hostilité vis-à-vis de la réforme ferroviaire. Les niveaux d'embauche resteront "très élevés en 2014", a tempéré M. Nogué, évoquant "8.000 embauches pérennes".
La SNCF emploie 150.000 personnes dans le secteur ferroviaire et quelque 15.000 trains circulent quotidiennement.