Le retour inattendu du demi de mêlée Morgan Parra après sept semaines de blessure a ravi son club de Clermont mais pose une difficile équation au XV de France qui avait pourvu son strapontin pour la préparation du Tournoi.
Parra en forme, c'est d'abord une bonne nouvelle pour l'ASM, qui devait aussi composer sans Thierry Lacrampe, blessé à Toulouse le 5 janvier. Preuve en est, son influence sur le jeu de Clermont samedi lors de la victoire décisive de Coupe d'Europe sur la pelouse des Harlequins.
Quatre-vingt minutes convaincantes sur le terrain -un gage de santé éclatante, un mois et demi seulement après s'être rompu le ligament croisé postérieur du genou gauche- et un coup de pied déterminant pour offrir le premier essai des Clermontois à Napolioni Nalaga pour une victoire finale 16-13, synonyme de qualification pour les quarts de finale. "C'est notre leader de jeu, un vrai compétiteur, franchement ça fait plaisir de le revoir sur le terrain", s'est félicité après la rencontre le manager Vern Cotter.
"Eponge à pression"
Qualifié "d'éponge à pression" par son partenaire, le talonneur Benjamin Kayser, Parra a le don de rassurer ses coéquipiers par sa présence et son expérience déjà riche, à seulement 25 ans. "J'apprécie de jouer avec lui dans les matchs chauds", renchérit Kayser, rejoint par son partenaire de première ligne Thomas Domingo: "C'est bien pour lui avant tout, il a travaillé dur tout seul dans son coin pour pouvoir revenir. C'est bien aussi pour le collectif, il a de l'expérience, il connaît le haut niveau, et ça nous enlève aussi un peu de pression sur les matches à enjeu".Si ses "facultés de récupération hors du commun" lui ont permis de revenir bien en avance sur les prévisions, le demi de mêlée a encore laissé le soin de buter à Brock James samedi. L'objectif: se concentrer sur ses sensations alors qu'il confessait un peu d'appréhension. Selon toute vraisemblance, sa montée en puissance devrait se poursuivre dimanche contre le Racing-Métro à Marcel Michelin, lors de la dernière journée de Coupe d'Europe. "Ce qui m'importe, c'est de faire un gros match pour faire notre quart de finale à domicile", a-t-il d'ailleurs prévenu au sortir du match contre les "Quins" à Londres.
Mais, en filigrane, se pose aussi la question du XV de France, réuni en stage à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) dès lundi pour préparer le Tournoi des six nations et le "crunch", en ouverture, le 1er février face à l'Angleterre.
Le piège de la convention
L'encadrement a été pris de court par le retour de l'expérimenté numéro 9 (54 sélections) puisqu'il ne figure pas dans le groupe de 30 joueurs rassemblés au bord de la Méditerranée.Interrogé mardi sur le sujet, le manager Philippe Saint-André a appelé à "être patient" et faire le bilan à l'issue de cette 6ème journée de Coupe d'Europe. "On va voir l'état de nos joueurs dimanche. S'il y a des joueurs blessés, on appellera des joueurs supplémentaires dimanche", a-t-il expliqué.
"PSA" se trouve toutefois dans une position un peu délicate: sans défection, il ne pourra pas convier Parra à Canet-en-Roussillon. Et il pourrait même se trouver pris au piège de la nouvelle convention FFR-LNR adoptée en décembre. Celle-ci offre certes du temps de préparation supplémentaire aux Bleus, avec un groupe de 30 joueurs, comme demandé depuis des années. Selon le texte, sept joueurs seront remis à disposition des clubs mercredi prochain pour postuler à la 17ème journée de Top 14 (24-25 janvier) et quitteront donc le stage.
Si "PSA" pensait un temps pouvoir récupérer sept éléments de son choix le 26 janvier à l'issue de la journée de championnat, la convention semble l'obliger à prendre les sept mêmes ayant participé au stage. Ce qui priverait donc le XV de France des talents d'aboyeur, buteur et compétiteur de Parra face au XV de la Rose.