Moulins: étonnants témoins au procès d'une femme jugée pour l'assassinat de son compagnon

Au deuxième jour du procès d'une femme accusée d'avoir empoisonné son compagnon, retrouvé coupé en deux, la cour d'assises de l'Allier a vu défiler vendredi d'étranges témoins, la défense tentant d'orienter les débats vers des pistes négligées selon elle.

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Alors qu'Odile Varion, 46 ans, qui comparaît libre sous contrôle judiciaire et clame son innocence, reste éteinte dans sa parka noire, Séverine, 38 ans, blonde décolorée, est appelée à la barre. Elle a bien du mal à se souvenir qu'un jour la victime, Didier Lacote, obsédé sexuel notoire, s'était masturbé devant elle, comme elle l'avait raconté aux enquêteurs qui l'ont un temps soupçonnée après le crime, commis en 2009.
 
Intérimaire peu fortunée, Séverine avait retrouvé l'ouvrier de 51 ans à son domicile ce jour-là, pour faire du covoiturage jusqu'à leur travail. Une autre fois, il avait voulu lui montrer une photo de son sexe en érection, mais elle avait "refusé de regarder", raconte-t-elle. Pourtant, "vous êtes partie en voiture avec cet homme qui venait de se masturber devant vous", l'interpelle, incrédule, Me Jean-François Canis, l'un des avocats de la défense. "J'avais pas peur, c'était pas quelqu'un de méchant", répond la jeune femme qui avait été placée en garde à vue et dont la maison avait été perquisitionnée. Dans sa cour, des chiens renifleurs de cadavres avaient marqué un arrêt sur des dalles, une piste trop négligée selon la défense. "Vous rappelez ensuite cet homme qui s'est exhibé devant vous, pour lui demander comment on repique des plants de salade, en plein janvier!" insiste Me Anne-Laure Lebert, autre avocate de la défense. "Je ne suis pas jardinier professionnel", répond Séverine sans ciller.
 
Arrive ensuite à la barre Yann, son compagnon. N'a-t-il pas ressenti de la "colère" en apprenant que Didier Lacote avait "dragué" sa copine? "Etait-ce bien normal cette situation?" pointe d'une voix forte Me Jean-Louis Deschamps, en défense. "Bah, elle est grande..." répond mollement cet homme de 34 ans, charpentier de métier, avant de bredouiller qu'en effet "c'était un truc de fou". Il avait confié aux enquêteurs être allé "voir" sa scie circulaire en apprenant la nouvelle du crime.
 
L'autopsie de Didier Lacote, mort d'une surdose massive d'atropine, un composant de collyres qui lui étaient prescrits pour une maladie des yeux, a révélé que son corps avait été découpé à l'aide d'une scie de ce type, jamais retrouvée. Placé en garde à vue comme sa compagne, Yann avait aussi été mis hors de cause. "Tout est troublant" dans ce dossier, admet Me Dominique Lardans, qui représente plusieurs membres de la famille Lacote, partie civile. Mais, avertit l'avocat, "c'est un écran de fumée!"
 
"Depuis deux jours, la défense essaie de faire croire aux jurés qu'il y a un autre coupable qu'Odile Varion après quatre ans d'instruction", relève-t-il. Et de citer les éléments retenus contre l'accusée: son empreinte ADN dans la voiture de Didier Lacote, dans le coffre de laquelle son corps fut retrouvé et qu'elle n'utilisait "jamais". Ses achats répétés d'atropine, l'achat aussi de sacs poubelles au supermarché, identiques à ceux ayant contenu les restes de la victime. Enfin, la déclaration très tardive de sa disparition. "Ca m'arrivait de prendre la 306", la voiture de la victime, signale alors Odile Varion, qui avait effectué 11 mois de détention provisoire avant d'être remise en liberté en août 2010.
           
Son fils Aurélien, mineur au moment des faits, sera jugé ultérieurement devant le tribunal pour enfants de Moulins pour "destruction de preuve". Initialement  mis en examen pour assassinat lui aussi, celui qui soutient l'innocence de sa mère témoignera lundi aux assises.
           
Verdict au plus tard le 28 février.
 
 

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