Le procès d'une femme accusée d'avoir empoisonné son concubin, dont le corps avait été retrouvé coupé en deux dans le coffre d'une voiture en 2009, s'est ouvert jeudi devant la cour d'assises de l'Allier.
Odile Varion, 46 ans, qui nie les faits, comparaît libre sous contrôle judiciaire. Elle avait effectué 11 mois de détention provisoire avant d'être remise en liberté en août 2010. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Unique accusée au procès, cette conductrice de car d'allure un peu masculine, aux cheveux courts grisonnants et vêtue d'un jean bleu et d'une parka noire, a pris place discrètement jeudi matin sur une chaise, devant le pupitre de ses avocats, les yeux rivés au sol.
Le 10 mars 2009, le corps putréfié de Didier Lacote, son concubin âgé 51 ans, ouvrier à l'usine PSA de Dompierre-sur-Besbre (Allier), avait été découvert coupé en deux au niveau du bassin dans le coffre de sa Peugeot 306, enfoui dans de grands sacs poubelles sous une couverture. L'autopsie avait révélé que la victime était morte d'un empoisonnement à l'atropine, un collyre destiné à soigner une uvéite dont il souffrait, vraisemblablement ingurgité par voie orale lors d'un repas. Son corps habillé avait ensuite été tranché avec un outil de type scie circulaire. Un outil jamais retrouvé.
Appelée à la barre pour évoquer la vie conjugale qu'elle menait avec son compagnon, Odile Varion a évoqué des violences sexuelles qu'elle subissait, confiant à la cour que le couple faisait chambre à part depuis 2006. Il arrivait à Didier Lacote, a-t-elle ensuite affirmé, "d'insister (pour avoir des relations sexuelles, ndlr)". "Il me menaçait en disant que si je ne le faisais pas il allait me tuer", a précisé à la barre l'accusée, l'air abattu, voix chevrotante à l'évocation de ces violences.
Evoquant également un poignet qu'il lui aurait "brisé" en 2003, elle a ensuite dit avoir subi quatre interruptions volontaires de grossesse, en 1998, 2002, 2008 et 2009, la dernière étant selon elle le fruit d'une relation extra-conjugale. "Vous n'aviez pas d'autres moyens de contraception ?", l'interroge l'avocate générale, Marie-Christine Jamain. "J'avais fait une thrombose, la pilule m'était interdite", répond Odile Varion, la voix fragile.
Didier Lacote avait été décrit lors de l'enquête comme un homme très porté sur le sexe, qui avait des maîtresses et cherchait des rencontres sur internet. Son fils, Aurélien Lacote, mineur au moment des faits, initialement mis en examen pour assassinat lui-aussi dans ce dossier, doit être jugé ultérieurement devant le tribunal pour enfants de Moulins pour "destruction de preuve". Agé de 20 ans aujourd'hui, celui qui a toujours plaidé l'innocence de sa mère sera appelé à la barre des assises comme témoin lundi prochain, dans l'après-midi.
Le procès doit s'achever au plus tard le 28 février.