La fiche d'identité du fameux boson de Higgs se fait de plus en plus précise et ressemble étonnamment au portrait-robot de l'insaisissable particule esquissé pour la première fois voici tout juste 50 ans, ont annoncé dimanche 22 mars des physiciens depuis Genève.
Selon eux, la masse des données collectées par le CERN (laboratoire européen de recherches nucléaires) au LHC (Grand collisionneur de hadrons) de Genève a permis de répondre à un grand nombre de questions qui restaient en suspens depuis l'identification du boson en juillet 2012.
Insaisissable car extrêmement instable, le boson de Higgs est considéré par les physiciens comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière, la particule élémentaire qui donne leur masse à nombre d'autres, selon la théorie dite du "Modèle standard".
Son existence avait été postulée pour la première fois en 1964 par Peter Higgs, François Englert et Robert Brout, aujourd'hui décédé. Higgs et Englert ont reçu le prix Nobel de physique 2013 pour avoir échafaudé cette théorie complétant le puzzle du Modèle standard.
Dans une étude publiée ce dimanche dans la revue Nature Physics, l'une des deux équipes internationales traquant le boson au LHC a confirmé que la particule se comporte comme prévu par la théorie, et non pas comme "un imposteur qui lui ressemble mais a une autre origine".
Lorsqu'il se désintègre, le boson observé au LHC peut non seulement donner naissance à des photons ou à d'autres types de bosons mais aussi à une autre famille de particules, les "fermions", ont constaté les auteurs de l'étude.
Un détail insignifiant pour le commun des mortels mais "une avancée énorme" pour Markus Klute, de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) qui a mené ces analyses. "Désormais, nous savons que les particules comme les électrons obtiennent leur masse grâce au champ de Higgs, ce qui est vraiment enthousiasmant", assure-t-il.
L'identification du boson a été permise par la construction du LHC, un gigantesque tunnel en forme d'anneau long de 27 km, à cheval sur la frontière franco-suisse. Plus grand accélérateur de particules au monde, le LHC a été mis à l'arrêt en février 2013 pour des travaux de maintenance et d'amélioration. De nouvelles collisions sont prévues en 2015 avec une énergie presque doublée qui devrait permettre aux scientifiques d'explorer de nouveaux domaines, comme la "super-symétrie" et la matière noire.