Le procès, devant les assises du Rhône, va durer deux semaines. Ils sont six hommes, âgés de 23 à 33 ans, accusés de ce braquage que personne n'a oublié à Lyon.
Le 23 septembre 2010, à deux pas de l'Hôtel de Ville, le bureau de change Global cash est attaqué par des malfaiteurs lourdement armés.... Course poursuite, fusillade, un passant est touché d'une balle de kalachnikov. au premier jour d'audience, il est venu témoigner de l'extrême violence du gang.
Présent à l'audience, Pascal Adoumbou qui, au volant de son véhicule, avait croisé par hasard la route des braqueurs, a déclaré à la presse ne pas avoir "de désir
de vengeance". Sérieusement blessé à un tibia, il entend surtout "comprendre comment on en arrive à tirer à hauteur d'homme".
renvoyés devant la cour pour "vol en bande organisée avec arme" et "participation
à une association de malfaiteurs".
Les cinq présumés braqueurs et un complice encourent jusqu'à 30 ans de réclusion,
voire la perpétuité pour ceux en situation de récidive.
Quatre des six accusés reconnaissent les faits. Outre l'implication des deux autres,
les débats, prévus jusqu'au 30 septembre, devraient aussi aborder l'attitude de
la police, comme le souhaitent des avocats de la défense, accusée d'avoir laissé
le braquage se produire afin d'interpeller les malfaiteurs en "flag".
Une surprise totale
Enfant terrible du barreau lyonnais, Me David Metaxas souhaite poser "la questiondes méthodes d'enquête": "quand on laisse tourner des jeunes avec des armes dont
ils ne savent même pas se servir, il ne faut pas s'étonner qu'ils s'en servent",
a-t-il dénoncé avant l'audience.
Un commandant de police de la Brigade de répression du banditisme (chargée de
l'enquête post-braquage mais pas des filatures en amont) a assuré que l'annonce
de l'attaque avait été "une surprise totale" pour les policiers, en dépit d'une
surveillance qui allait crescendo depuis le 20 septembre.
S'étonnant de l'immobilisme de la police à l'égard de son client mis en cause
dans un autre dossier, multipliant les faits délictueux et identifié par la police
lors des surveillances, Me Jean-Félix Luciani a fait valoir que des faits d'association
de malfaiteurs étaient déjà largement constitués et qu'il eut été "préférable"
de l'interpeller avant l'attaque de Global Cash.
"Ce n'est pas encore les voyous qui vont décider de leur interpellation", lui
a répondu l'avocat général Philippe Renzi.
Pour éclairer la cour sur les méthodes policières, Me Metaxas a demandé l'audition
comme témoin de l'ancien patron de la BRI à Lyon, le commissaire
Michel Neyret, mis en cause dans un retentissant dossier de corruption et radié
de la Police nationale. La cour en a acté le principe, mais la date de l'audition,
qui devrait bien avoir lieu lors du procès, reste à fixer.
L'audition de l'ex-numéro 2 de la PJ lyonnaise pose notamment la question de son contrôle
judiciaire. Michel Neyret a en effet interdiction de se rendre dans le département
du Rhône et... de rencontrer Me Metaxas, mis en examen dans
le même dossier que lui.