A quelques jours du 20e anniversaire de la découverte de la grotte ornée du Pont d'Arc, dite "Grotte Chauvet", la polémique ne faiblit pas. Ce lundi 15 décembre, des spéléologues se revendiquant "co-inventeurs" du site ont organisé une conférence de presse pour faire valoir leur version des faits...
Quasiment 20 ans jour pour jour après la découverte de la grotte Chauvet par trois spéléologues en Ardèche, classée en juin au patrimoine mondial de l'Unesco,plusieurs autres "découvreurs" ont revendiqué lundi leur participation, semant
le trouble dans des accords financiers en cours.
Ces révélations ,connues localement,ont été médiatisées lundi lors d'une conférence de presse en Ardèche, alors que les trois découvreurs officiels étaient sur le point de signer un accord financier avec le futur espace de restitution de la grotte Chauvet, qui ouvrira en avril sur les hauteurs de Vallon-Pont-d'Arc.
En vertu de cet accord, arraché au terme d'une longue saga judiciaire et un précédent document signé avec l'Etat en 2000, les trois "inventeurs", Eliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire, devront percevoir 3% sur les entrées du futur musée.
"A partir du moment ou d'autres entrent dans le jeu et disent qu'ils sont les inventeurs (découvreurs, ndlr) je ne peux pas négocier, alors qu'il y a un doute qui persiste avec les autres. L'accord est suspendu jusqu'à nouvel ordre", a expliqué
à l'AFP Pascal Terrasse, député et président du syndicat mixte chargé de la réalisation de la réplique de la grotte Chauvet (SMERG).Il a toutefois rappelé avoir l'obligation "d'associer convenablement les inventeurs" de la grotte.
Ce lundi, plusieurs spéléologues avaient ainsi convié la presse à écouter leurversion du dévoilement de la grotte, qui abrite les plus anciennes peintures rupestres connues à ce jour.
Selon eux, la grotte n'aurait pas été découverte d'un coup le 18 décembre 2014 -date officielle- par le trio Chauvet-Brunel-Hillaire, mais en trois étapes et en présence de plusieurs autres spéléologues. D'abord six mois avant, lorsque l'un
d'eux, Michel Rosa, surnommé "Baba", accompagné de Jean-Marie Chauvet et d'autres amis, repèrent un "trou souffleur" dans une paroi du cirque d'Estre, à côté du Pont-d'Arc.
Selon Jean-Marie Chauvet, contacté par l'AFP, cette première approche de la grotte avait bien eu lieu à plusieurs, dont Baba, mais c'était en "mars-avril" et non en juin et Baba, selon lui, "avait poursuivi ses explorations d'autres grottes
sans s'y intéresser plus que ça". "Entre mars-avril et décembre 1994, pourquoi n'y sont-ils pas retournés? Ils ont laissé tomber, c'est pour cela que ça leur fait mal", avance M. Chauvet qui regrette qu'on "leur crache dessus" aujourd'hui.
"Juste une visite"
Selon Daniel André, l'un des spéléologues qui ont participé à l'exploration du 24 décembre 1994 -troisième étape de la découverte- et jour de la découverte de la salle du fond, "c'est Baba qui a dégagé la grotte, il a fait 99% du travailde désobstruction, il comptait revenir!".Sept spéléologues ont annoncé "ne rien demander" financièrement , estimant avoir été récompensés par cette découverte unique en soi.
Par contre, a ajouté M. André, "on aimerait que l'Etat revienne sur l'accord (avec le trio +officiel+), et qu'il soit rompu, parce que c'est une moquerie"."Notre paie c'est ce qu'on a vécu dans la grotte. On demande juste une visite par an chacun dans la grotte ainsi que gratuité à vie d'une visite du fac-similé", a encore souligné M. André.
Pourquoi avoir attendu 20 ans ? "On n'a pas attendu du tout" rétorque M. André, affirmant que les médias s'étaient fait écho de leur existence après la découverte,et que leurs déclarations ont notamment été enregistrées par un huissier il y a
un an, et sont connues par des élus, dont selon eux M. Terrasse.