Donné pour mort il y a 20 ans à cause des CD, le disque vinyle n'en finit plus de renaître : un "revival" fêté ce samedi par la 5ème édition du "Disquaire Day", la manifestation des disquaires indépendants. A Lyon, dans le 1er arrondissement, "Chez Emile records" a ouvert sa cave à trésors.
L'idée de cette "journée des disquaires" est née en 2007 aux Etats-Unis sous le nom de "Record Store Day" et a essaimé en Europe et ailleurs dans le monde. Pour attirer les amateurs, les disquaires proposent ce jour-là des disques spéciaux ou rares. L'édition 2015 se tient dans quelque 1.500 magasins aux Etats-Unis et dans un nombre de magasins similaire dans 21 pays. Dave Grohl, ex-batteur de Nirvana et désormais leader des Foo Fighters, en est l'ambassadeur.
En France, 210 disquaires indépendants y participent cette année en France (dans 90 villes). comme le nombre des disquaires indépendants participant cette année en France (dans 90 villes). Soit "trois fois plus de disquaires cette année qu'en 2011", se félicite le Calif (Club Action des labels indépendants), l'organisation à l'origine du "Disquaire day" version française.
Chaque année, une dizaine de disquaires ouvrirait en France, se réjouit-elle. Globalement, il y aurait en France 350 à 400 disquaires indépendants si on y inclut ceux faisant uniquement de l'occasion. Et pour les disquaires indépendants, le vinyle est désormais incontournable: il représente 80% du chiffre d'affaires contre 30% en 2011.
Le vinyle, article-roi du disquaire indépendant
Le client type de ces boutiques, âgé de 18 à 35 ans, est plutôt un amateur de rock alternatif, précise le directeur du Calif, David Godevais. Un client prêt à débourser des sommes non négligeables car les vinyles neufs se vendent plus chers que les CD, entre 20 et 30 euros généralement. Un prix plutôt élevé qui s'explique notamment par le fait que la fabrication ne bénéficie pas "du même type d'automatisation" que les CD.
Les ventes de disques vinyles neufs en France représentent 3 % du total des ventes physiques (CD, DVD, vinyles). il reste donc marginal, mais c'est le seul support en croissance, selon le dernier bilan annuel du Snep, principal syndicat des producteurs de disques. En 2014, 672.000 disques vinyles neufs ont été vendus en France (+42% par rapport à 2013). La tendance est la même en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Le retour des 33 tours relance le marché des platines, de retour dans les rayons en modèle design ou high-tech (avec port USB pour mettre ses vieux vinyles sur MP3). La Fnac confirme que ses ventes de platines "suivent les mêmes courbes" que celles des vinyles. "Cela double chaque année, même si on reste sur un marché assez marginal".
Des disques pressés en Mayenne
10 millions, c'est le nombre des vinyles produits cette année par MPO, le dernier fabricant français. Soit trois fois plus qu'en 2010, où cette production atteignait 3,7 millions, indique Vladimir Négré, porte-parole de la société mayennaise, leader français des supports audiovisuels. Le vinyle représente ainsi désormais 16% de son chiffre d'affaires, contre 8% il y a deux ans, ajoute-t-il.
En vue du 5eme Disquaire Day, MPO a ainsi battu en mars son record mensuel de production avec 980.000 vinyles produits. Ce qui n'empêche pas l'entreprise, échaudée par la baisse des CD audio, de rester prudente face à ce "revival".
Le reportage de Sorya Kaldhoun et Aude Henry chez le disquaire lyonnais Léo Gravelin :
A voir, samedi, dans le 19/20 en Rhône-Alpes : l'interview en direct de David Morel - alias Monsieur Mo - directeur du label lyonnais Jarring Effect.