Le conservatoire de Limoges a fait l'acquisition d'un outil révolutionnaire : un orgue sensoriel. Inventé en 2002, cet instrument bouleverse l'apprentissage de la musique aux personnes handicapées. Grâce à des dizaines de capteurs, il s'adapte aux capacités cognitives pour traduire les gestes en musique.
Il se présente sous la forme de plusieurs boîtiers noirs et quelques buzzers colorés. Il pourrait même être confondu avec une petite box internet. Pourtant, cet objet a priori banal a ouvert les horizons de centaines de personnes handicapées. Inventé en 2002, l'orgue sensoriel a bouleversé l'apprentissage de la musique en s'adaptant aux capacités cognitives et gestuelles de chacun. Le conservatoire de Limoges vient d'en faire l'acquisition. Les concernés s'avèrent déjà convaincus.
"L'ordinateur va permettre d'affecter à chaque capteur, chaque geste, une note, un accord, un son sur une partie d'un instrument de musique pour entrer dans la musique très instinctivement, très spontanément", explique Mikael Fourcade. Ce fabricant d'instruments de musique à Anglet, au Pays basque, est venu faire une démonstration aux professeurs du conservatoire.
Une caresse, une pression du doigt, un mouvement du bras : chaque interrupteur de l'orgue sensoriel présente des capteurs capables, dans un premier temps, de saisir la moindre variation physique, pour, dans un second temps, la traduire en musique. C'est cette "conversion" très directe qui se révèle particulièrement adaptée. "L'orgue sensoriel va enrichir la proposition que l'on offre déjà aux personnes en situation de handicap, se réjouit Stéphane Planade, professeur de piano. Le travail s'effectue beaucoup sur l'improvisation. Pour certaines personnes qui ne peuvent pas utiliser les mains, les doigts, on a là la porte ouverte à beaucoup d'expressions possibles."
Des préludes de Bach aux solos de guitare saturée
De prime abord, si la manipulation de l'orgue sensoriel semble extrêmement facile pour un enseignant, Mikael Fourcade tempère : "Pour pouvoir utiliser cet instrument, il faut avoir quelques notions musicales, mais surtout être à l'écoute de la personne, de ses désirs, de ses gestes. On peut jouer tout aussi bien un prélude de Bach, note à note, avec un bouton, qu'une improvisation sur une guitare électrique saturée, dans le style métal."
Pour l'achat de cet équipement, le conservatoire de Limoges a bénéficié d'une aide de huit mille euros de la part du ministère de la Culture.