Le 5 novembre 1944, le général de Gaulle remettait la Croix de la Libération à Grenoble

Il y a 69 ans, le général de Gaulle entrait dans Grenoble libéré et remettait la Croix de la Libération à la ville. Sept grenoblois étaient aussi faits compagnon de la Libération. Grenoble est également décorée de la Croix de guerre 39-45 avec palme.

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Histoire. Pendant la deuxième guerre, Grenoble était en zone non occupée, administrée par Vichy. Dès 1941, la résistance y était très active et la population révélait régulièrement son patriotisme avec d'importantes manifestations, notamment le 14 juillet ou le 11 novembre 1942. En 43, les Italiens qui surveillaient la place, laissèrent la main aux Allemands. La confrontation avec les résistants s'est alors durcie. D'autant que les réfractaires au Service du Travail Obligatoire étaient venus gonfler les rangs des maquis dans les massifs autour de la ville. 

Le 11 novembre 1943, malgré l'interdiction de Vichy, une importante manifestation se déroulait devant les représentations de la collaboration. 600 manifestants étaient arrêtés. Près de 400 étaient déportés.


Le 13 novembre 1943, la résistance faisait sauter le parc d'Artillerie du Polygone. Rendant coup pour coup, l'occupant intensifiait la répression sous la forme d'arrestations et d'assassinats de nombreux résistants pour ce qu'on a appelé la "Saint-Barthélémy grenobloise". Le 2 décembre 1943, la caserne de Bonne, qui servait d'arsenal aux Allemands, explosait à son tour. Les sabotages industriels et ferroviaires se multiplieront par la suite.

Le débarquement du 15 août 1944 en Provence obligeait les Allemands à abandonner la ville dans la nuit du 21 au 22 août, non sans avoir préalablement massacré une cinquantaine de prisonniers au Polygone où l'on découvrait, au lendemain de la libération, le charnier de victimes de la Gestapo. Le 22 août au matin, les FFI, puis les troupes américaines, entraient dans Grenoble.

La ville aura compté dans sa population 840 fusillés, plus de 2 000 hommes tués au combat, autant de disparus et 1150 déportés dont la moitié ne sont pas revenus.

Bibliographie: site internet de l'Ordre de la Libération



Le discours du Général de Gaulle le 5 novembre 1944
Grenoble aujourd’hui libérée, quels malheurs, quelles épreuves cette grande ville a traversés, non point seulement matérielles, mais morales et celles-ci, les épreuves morales, n’était-ce pas les plus dures à subir? Grenoble a supporté tout cela, mais Grenoble à aucun moment – qui donc le sait mieux que celui qui a l’honneur de lui parler? – à aucun moment n’a renoncé à soi-même, n’a renoncé à la liberté, à l’espérance, à la Patrie. Aussi, dès qu’elle le put, Grenoble, par ses propres moyens, est apparue libre, au grand soleil, pour se rendre elle-même à la France comme la France voulait qu’elle fût, c'est-à-dire fière et lavée de l’ennemi.

C’est pour ces raisons que le Gouvernement de la République a décidé, dès la fin de l’année 1943, de décerner à la ville de Grenoble, le titre et la qualité éminente des Compagnons de la Libération. L’insigne lui sera remis tout à l’heure. Mais puisque cette glorieuse cérémonie nous rassemble tous aujourd’hui, je m’en voudrais de ne pas exprimer en deux mots quels sont les sentiments dont nous parlions tout à l’heure, qui animent aujourd’hui la France entière jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à son but: d’abord, la France veut vaincre parce qu’il lui faut vaincre, elle veut que l’ennemi qui l’a outragée, envahie, une fois de plus mise aux portes du tombeau, soit abattu, cette fois irrémédiablement, pour qu’elle-même, la France, puisse vivre. Il faut que nos armées, nos glorieuses armées, celle qui est venue de l’Empire, et celle aussi qui a jailli spontanément du sol national, et qui n’en font qu’une, la grande, l’indivisible Armée française. Il faut que cette armée aille au-delà du Rhin, une fois de plus, dicter à l’ennemi la loi de la liberté.         

Mais que serait-ce si nous avions ajouté seulement une victoire militaire de plus à toutes celles dont est tissée notre Histoire, et si nous ne savions par, à l’extérieur et à l’intérieur, en tirer le parti qu’il faut pour que cette victoire, au moins, nous serve à quelque chose?

A l’extérieur, il faudra que nous sachions en tirer les fruits et que le drame qui a failli nous submerger une fois encore ne se reproduise plus, que les sécurités de la France soient placées de telle sorte que personne ne puisse y porter atteinte, la renverser et nous viser au cœur. Il faudra aussi que soit établie dans le monde, avec de vrais amis, une solidarité assez ferme, nette et puissante, pour que l’ennemi n’y revienne pas.

A l’intérieur, c’est un immense effort qu’il va nous falloir faire tous et toutes ensemble. Qui donc ne le sent pas profondément? C’est une France qu’il faut bâtir dans la rénovation nationale, une France nouvelle, au point de vue de ses institutions politiques, de manière à ce que le régime qui régit le pays, que ce régime ne paralyse pas lui-même, par la façon dont il joue, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, qui constituent les pouvoir de l’Etat. Il faut aussi, n’est-il pas vrai, que la France se renouvelle, au point de vue de la mise en valeur du grand, du riche pays que nous sommes, de l’immense empire que nous avons, et qui appelle, pour le faire renaitre, les ressources profondes de la jeunesse française.

C’est un renouveau économique que nous devrons faire tous et toutes ensemble, sur nos terres, notre sous-sol, enfin un renouveau social, et je ne puis le résumer autrement qu’en disant ceci : il ne faut plus, n’est-ce pas, qu’une fraction de la nation française, puisse se sentir étrangère à la nation, il faut que tous les Français, sans limitation, que tous ceux qui sont nés sur notre sol, soient intégrés à la Patrie, au même titre les uns que les autres. N’est-il pas vrai que c’est ce que nous voulons faire? Et pour cela, nous voulons faire en sorte que tous les enfants de la France puissent vivre, lever la tête, élever leur famille, travailler dans la dignité et la sécurité humaines. Voilà ce qu’il faut que nous sachions pour faire réellement une France unie, digne de l’idéal qu’elle a toujours servi, et qu’elle veut servir encore, et capable de réaliser la grande œuvre que tout le monde attend. C’est ainsi que, fraternellement, à force d’efforts, et comme couronnement de nos sacrifices, ceux de Grenoble comme ceux de toutes nos villes et de tous nos villages de France, tous ensembles, nous remettrons la France à sa place. Vive la France !
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