Le ministre de la Santé et des Solidarités est à Annecy ce vendredi. Hier, lors d'un déplacement à Chambéry, Olivier Véran a affirmé que la majorité des Français ayant contracté la Covid la semaine dernière n'étaient pas vaccinés. C'est partiellement vrai. On vous explique.
Quelques jours après l'allocution d'Emmanuel Macron sur le pass sanitaire, le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, est en visite dans les Alpes pour promouvoir la vaccination.
Hier, il s'est rendu à Savoiexpo à Chambéry où plus de 2000 doses peuvent être inoculées chaque jour.
Lors de ce déplacement, il a déclaré que "96% des patients positifs au Covid-19 et présentant des symptômes n'étaient pas vaccinés".
D'où viennent ces chiffres ?
Les seuls chiffres publiés dont nous disposons sont ceux d'une étude réalisée par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (DREES) et publiée le 13 juillet, mais qui font un état des lieux pour la semaine du 28 juin au 4 juillet, et non pour celle du 5 au 11 juillet.
Cette étude met en lien le nombre de cas positifs en moyenne par jour avec l'état de vaccination des patients.
Si l'on regarde attentivement ces données, on s'aperçoit qu'effectivement 4% des cas positifs symptomatiques touchent des personnes ayant réalisé une vaccination complète.
On serait donc tenté d'en déduire que 96% des autres personnes présentant un cas positif avec symptômes ne le sont pas.
L'affirmation est vraie mais incomplète, au vu des chiffres.
96% des patients positifs au #covid19 et présentant des symptômes n'étaient pas vaccinés. Le vaccin vous protège. Le vaccin nous protège.
— Olivier Véran (@olivierveran) July 15, 2021
Pourquoi ?
D'après l'étude de la Drees, la proportion des non-vaccinés dans les cas positifs symptomatiques est en fait de 80%, car elle retient les personnes qui n'ont reçu aucune injection à la date de leur test positif.
Mais, l'étude distingue également deux autres catégories :
- les personnes ayant reçu une première dose récemment
- les personnes ayant reçu une première dose jugée "efficace"
Nous ne disposons pas des chiffres par exemple des personnes ayant reçu une seconde dose récemment (et qui ne seraient pas encore considérées comme complètement vaccinées).
Il serait donc plus juste de dire que 96% des patients positifs et présentant des symptômes n'étaient pas "complètement" vaccinés.
Ou alors de préciser que la proportion des personnes positives asymptomatiques n'ayant reçu aucune dose est de 80%, et ce pour la semaine du 28 juin au 4 juillet.
La part du variant Delta ?
"Ils ont presque tous été infectés par le variant Delta, particulièrement contagieux", a ajouté le ministre de la Santé et des Solidarités ce jeudi à Chambéry.
Nous avons consulté les bilans épidémiologiques de Santé Publique France.
Dans celui du 15 juillet, les autorités sanitaires relèvent que 67,5% des tests PCR ayant fait l'objet d'une recherche appronfondie ont été enregistrés positifs pour la mutation L452R, soit 11256 tests sur 18777. Le variant Delta semble donc être majoritaire.
Santé Publique France notait par ailleurs que la détection de la mutation L452R augmentait fortement ces dernières semaines : elle représentait un prélèvement positif criblé sur 5 en semaine 25, 43% en semaine 26 et désormais 67,5% la semaine dernière.
Mais Santé Publique France ne recense pas l'état de vaccination des patients positifs au variant Delta.
67,5% des tests de recherche de variants
L'étude de la Drees relève de son côté 380 cas positifs au variant Delta par jour en moyenne en semaine 26. Et "environ 30 patients vaccinés identifiés comme porteurs d'un variant où la mutation L452R est détectée, conduisant à une part des vaccinés parmi les L452R de 5,5%".
Ce qui voudrait dire que 94,5% des patients positifs au variant Delta ne sont pas vaccinés. Mais ces données sont à prendre avec précaution, au vu des extrapolations.
La Drees relève ces biais, en estimant que "les décisions de se faire tester ne sont pas de même nature lorsque les personnes sont vaccinées ou non. En particulier, la mise en place du pass sanitaire devrait conduire des personnes non vaccinées à se faire tester pour des motifs non sanitaires alors que les personnes non-vaccinées ne sont pas dans ce cas. Ainsi un surcroît de résultats négatifs pour les patients non-vaccinés devrait (...) abaisser le taux de positivité sur cette population, via un effet qui n'existe pas pour les vaccinés".
La Drees conclut par ailleurs que "compte tenu de la faiblesse des effectifs concernés, l'effet protecteur de la vaccination vis-à-vis de l'infection ne semble pas significativement différent pour cette mutation particulière".
Plus de 29 millions de Français vaccinés
Rappelons que 36,2 millions de Français ont reçu à ce jour au moins une première dose de vaccin. En Auvergne-Rhône-Alpes, le chiffre s'élève à 4,33 millions de personnes.
29,2 millions ont achevé leur parcours de vaccination, soit 43,3 % de la population totale dans notre pays.