Les locaux de l'évêché de Lyon dirigé par le cardinal Barbarin ont été perquisitionnés, ce mercredi 30 mars, dans le cadre d'enquêtes sur des faits de non-dénonciation d'agressions sexuelles commises par des prêtres, au coeur d'un scandale qui secoue le diocèse depuis des mois.
Les policiers de la Sûreté départementale sont intervenus à l'évêché dans la matinée dans le cadre de deux enquêtes, selon une source judiciaire.
L'une concerne des accusations de "non-dénonciation" d'agressions sexuelles et de "mise en danger de la vie d'autrui", émanant de quatre victimes du père Bernard Preynat, un prêtre mis en examen le 27 janvier pour des faits commis entre 1986 et 1991 sur de jeunes scouts qu'il encadrait dans la banlieue de Lyon.
L'autre concerne des accusations similaires émanant d'une victime d'un autre prêtre du diocèse. Cette personne, qui exerce aujourd'hui une fonction importante au sein du ministère de l'Intérieur, avait contacté le parquet de Lyon en février et elle a porté plainte formellement mardi, selon une source proche du dossier.
Ces victimes reprochent au cardinal Barbarin, parmi d'autres responsables religieux, de ne pas avoir informé la justice des agissements passés de ces prêtres lorsqu'ils en ont eu connaissance. C'est-à-dire, dans le cas du père Preynat, dès 2007-2008, quand l'archevêque a été alerté sur son cas par un tiers, selon ses propres dires.
Le diocèse de Lyon a confirmé dans un communiqué avoir remis aux enquêteurs, lors d'une perquisition, "les éléments dont la justice souhaitait disposer pour faire la lumière sur ces événements douloureux".
"Le cardinal Philippe Barbarin a exprimé à de nombreuses reprises sa volonté de coopérer en toute transparence avec la justice: il se tient à sa disposition avec confiance", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Cette affaire, dont l'onde de choc s'est propagée au sein de l'Eglise de France et jusqu'au Vatican qui prône la "tolérance zéro" en matière de pédophilie, a été portée sur la place publique par le diocèse lui-même en octobre dernier.
Solidarité avec le cardinal
Face aux appels à la démission, le cardinal Barbarin a exclu de le faire en assurant, lors d'une conférence de presse organisée à Lourdes en marge de l'assemblée de printemps de la conférence des évêques de France, n'avoir "jamais, jamais, jamais" couvert le moindre acte de pédophilie.
Victime d'un "lynchage médiatique" selon ses défenseurs, il a demandé "personnellement pardon" aux victimes lors d'une messe de la Semaine Sainte, ce dont celles-ci ont pris acte en reprochant toujours au prélat d'avoir maintenu en poste les prêtres mis en cause, qui plus est au contact d'enfants ou d'adolescents.
Le dossier est très sensible au sein de la hiérarchie catholique, qui affiche pour l'heure sa solidarité avec le cardinal Barbarin. "Je lui apporte mon soutien parce que c'est mon frère, que j'ai confiance en lui et je pense que tout ce qu'il fait ou a fait dans sa responsabilité d'archevêque de Lyon a été significatif d'un engagement très fort dans la lutte contre la pédophilie", a déclaré l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, dans un entretien au quotidien Le Parisien à l'occasion de Pâques.
"Il n'y a pas de raison qu'il démissionne", a ajouté le prélat en soulignant que "c'est à l'enquête de dire" si oui ou non, l'archevêque de Lyon a commis une faute en maintenant le père Preynat en poste jusqu'en 2015.
Dans ce volet de l'affaire, le juge d'instruction vient de déclarer que les quatre cas d'agression retenus à l'encontre du prêtre ne sont pas prescrits, permettant ainsi à la procédure judiciaire de se poursuivre.