C'est une première dans un département français. Dans l'Ain, des cabines de téléconsultation en ligne vont être installées pour pallier aux zones concernées par les déserts médicaux. La première a été présentée à Montréal-la-Cluze.
Dans le département de l'Ain, les déserts médicaux sont une réalité. Trouver les moyens de lutter contre ce problème démographique est même une priorité politique. Et pour cause : on compte dans ce territoire seulement 6,9 médecins généralistes pour 10 000 habitants (contre 8,9 au niveau national). Près de 15% de la population du département de l'Ain n’a pas de médecin traitant et sur certains secteurs (bassin de Bourg-en-Bresse et Oyonnax), ce chiffre dépasse les 20%. Une tendance renforcée par une croissance forte et continue de la population, qui accentue les besoins.
Une première cabine connectée à Montréal-la-Cluse
Le Département a donc décidé de lancer un plan d'action. Parmi celles-ci, la création de cabines de téléconsultation connectées, installées sur des zones déficitaires en offres de soins ambulatoires. C'est une première pour un département français : proposer un dispositif médical, totalement équipé d’instruments de mesure qui donne accès à une consultation clinique, dans des conditions similaires à celle d’un cabinet médical.La première de ces cabines a été installée à Montréal-la-Cluse. "Quatre autres seront prochainement installées dans les territoires où l'offre de médecins est en tension" ajoute Jean Deguerry, président du département de l'Ain. Chaque cabine coûte 105 000 euros au Département. Puis les différents coûts liés au référent et les contrats de maintenance (à partir de la 2e année) seront financés par les porteurs de projet locaux : communes, communautés de communes ou d’agglomération. Ainsi, pour cette première cabine, les communes de Béard-Géovreissiat, Brion, Montréal-la-Cluse, Nurieux-Volognat et Port se sont portées volontaires dès février 2020, appuyées par l’association des professionnels de santé de l’Espace santé Mont-Royal.
Les médecins qui interviendront en ligne sont des médecins généralistes inscrits au Conseil de l’Ordre, en France, et exerçant par ailleurs en cabinet libéral. "Ils sont spécifiquement formés à la téléconsultation via la cabine et suivent des protocoles précis pour mener les consultations et orienter le patient dans la manipulation des instruments. Ils sont également informés des ressources médicales disponibles sur le territoire de santé où est implantée la cabine, afin de faciliter la réorientation du patient, pour une consultation auprès d’un spécialiste notamment." précise le Département.
Des consultations auprès de spécialistes pourront éventuellement être proposées, dans les prochains mois, en fonction des besoins.
Un centre de santé créé en 2020
Parmi les autres actions engagées par cette collectivité, en coordination avec l'Agence Régionale de Santé et de nombreux autres partenaires, la création d'un Centre de santé. Il a vu le jour en juillet 2020. Il va permettre de recruter des médecins salariés à temps complet ou partiel afin qu’ils exercent au sein des Maisons de santé pluri-professionnelles, en zones sous-dotées, dans des cabinets disponibles. Le Département assume les charges inhérentes à l’installation des médecins au sein des équipes libérales. "Les recrutements pour 4 postes en ETP (potentiellement 8 médecins si des temps partiels sont souhaités) sont en cours avec la mobilisation des réseaux de professionnels de santé, les réseaux de formation et l’appui d’un cabinet de recrutement spécialisé." précise le Département, qui est en contact avec plusieurs profils de médecins, et en attente de décision de leur part.Accompagner l'installation des professionnels de santé dans l'Ain
Le plan d'actions prévoit également d'apporter un soutien pour informer et accompagner les professionnels de santé. Une plateforme numérique dédiée aux professionnels de santé est en cours de construction et devrait être opérationnelle en 2021. Elle facilitera l'installation des médecins et de leurs familles. Un guide de l’hébergement des internes recensant les logements vacants sur les territoires où ils effectueront leurs stages sera diffusé dès le printemps.Un coup de pouce pour la formations des jeunes
La formation des futurs médecins fait également partie des actions lancées pour lutter contre le problème de démographie médicale. En lien avec la réforme des études de santé, il est déjà possible, depuis septembre 2020, de suivre à Bourg-en-Bresse, au sein de l’Université Jean Moulin Lyon III, une licence Accès Santé (LAS). Vingt places ont été ouvertes et pourvues via Parcoursup. Médecine, maïeutique, pharmacie ou odontologie, les étudiants en LAS peuvent tenter deux fois, au cours de leurs trois années de licence, d’intégrer la filière santé de leur choix.Par ailleurs, le Département explique qu'il travaille avec les présidents des Universités Lyon I et Lyon III à l’ouverture d’une année de Parcours Accès Spécifique Santé, pour la rentrée 2022.