Ain. Comment le Pays de Gex gère-t-il la crise sanitaire du coronavirus?

Si près de Genève mais pas à côté des hôpitaux de Haute-Savoie dont il dépend, comment le territoire frontalier du Pays de Gex gère-t-il la crise sanitaire du coronavirus? De Divonne-les-Bains à Thoiry, l'inquiétude gagne du terrain au point de rouvrir le dossier d'un hôpital local. 

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Le Pays de Gex, c'est aujourd'hui près de 100.000 habitants. Un territoire loin, bien loin de la ville-préfecture de l'Ain (+ d'1h30), qui ne ressemble en rien au reste du département. Le paradoxe d'une enclave géographique tournée vers Genève, où l'on compose sans cesse avec des voisins qui font aussi vivre le secteur, grâce aux travailleurs frontaliers. 

Mais en plein confinement, et alors que la Suisse se bat aussi contre la pandémie, les habitants de Gex et des environs se posent des questions.

Normalement, les patients de cette zone frontalière dépendent du Centre hospitalier Annecy Genevois : Saint-Julien-en-Genevois (parfois + de 40mn), Annecy (+ d'1 heure). Certains vont aussi au Centre hospitalier Alpes Léman, à Contamine-sur-Arve, 55mn de route en moyenne. Mais pour ces déplacements... les habitants passent par la Suisse! Les Hôpitaux Universitaires de Genève sont, eux, à moins de 40mn et l'hôpital privé de La Tour est juste à côté de la frontière, à Meyrin.

"A part les travailleurs frontaliers qui ont une assurance suisse ou les Internationaux, les patients français accueillis par nos voisins ne doivent pas être nombreux, faut pas se voiler la face. Il faut obtenir une autorisation de la CPAM, ce qui n'est pas gagné", commente un maire. 
 

Le CESIM, centre Covid-19

En terme de proximité, l'équation paraît insoluble. Le résultat est en tout cas très éloigné des promesses des gouvernements successifs, sur une nécessité de soins hospitaliers à moins de 30mn. De surcroît, la zone est un vrai désert médical, seulement 52 médecins, là où la moyenne nationale est à 153 pour 100.000 habitants.

Pourtant, au fil des ans, une politique locale de santé a bien vu le jour. On en espère les effets face à la crise. D'abord, des accords subsistent avec la voisine suisse pour la gestion des urgences à Genève. Même si cette solution est très rarement utilisée.  

Et puis, il y a désormais le CESIM, Centre de soins immédiats installé depuis peu à Gex. En temps normal, l'équipement médical est dédié aux petites urgences, la bobologie. On peut notamment y passer des radios. Son activité est intimement liée à la présence de la station de ski de Mijoux-La Faucille sur les hauteurs.

Mais le CESIM est devenu centre de référence pour le Covid-19 dans le Pays de Gex. Il s'agit d'opérer un tri des malades avant de les envoyer inutilement vers le service des urgences de Saint-Julien-en-Genevois.

Le CESIM pourra s'appuyer sur un laboratoire d'analyses biologiques de Ferney-Voltaire, qui fera passer les tests de dépistage. Des radios des poumons pourront aussi être pratiquées. Une prise en charge dans l'espoir d'éviter au maximum les déplacements de patients. Une fois ce stade passé, les médecins orienteront vers des soins à domicile ou vers l'hôpital. 

Quoiqu'il arrive, c'est le 15 qui dirige vers le CESIM. 
 

L'idée d'un hôpital ressurgit

Cette crise sanitaire a engendré la réouverture du dossier d'un hôpital local. Du moins, une pétition a vu le jour sur internet. Intitulée "Nous voulons un hôpital public en Pays de Gex", elle avait déjà recueilli 2930 signatures ce jeudi 26 mars. Dans le libellé, on peut lire:

"Les prétextes financiers ne sont pas des arguments recevables pour un territoire riche comme le nôtre dont la croissance démographique est en moyenne de 3% par an et qui vit depuis des décennies sans maternité (...) Il est possible de construire, comme à la frontière franco-espagnole un hôpital public transfrontalier". 

Derrière l'appel, il y a un candidat aux élections municipales à Ferney-Voltaire, Jean-Loup Kastler. Le maire sortant, Daniel Raphoz a, de son côté, déjà tenté la piste de la création d'un hôpital privé. Car la question médicale est évidemment une question politique. 

Voilà pourquoi nous avons joint Olga Givernet, la députée LaRem du secteur.

"Moi, je suis et resterai persuadée qu'il vaut mieux étoffer l'offre de soins dans le Pays de Gex plutôt que de courrir après un hôpital qui ne sera jamais doté comme les établissements hospitaliers voisins, en Suisse ou en Haute-Savoie. On n'a jamais laissé quelqu'un sur le bord de la route, à part pour des incompréhensions la plupart du temps liées à l'administratif. Mais les urgences ont toujours été assurées. Plus que jamais, nous devons faire confiance aux autorités." 

La période actuelle pousse en tout cas les habitants du Pays de Gex à se questionner. Des proches de la députée, qui pensaient jusqu'à présent comme elle, ont finalement signé la pétition d'après ce que nous avons pu constater dans la liste des noms. 

 
La Suisse voisine et le coronavirus
Actuellement en Suisse, pays qui compte 8,5 millions d'habitants, 161 personnes sont décédées des suites de la maladie Covid-19 et plus de 10.600 ont été testés positives, selon l'Office fédéral de la santé publique.

La Suisse est le 5e pays le plus touché d'Europe pour le nombre de personnes infectées après l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et la France, selon l'OMS. Ce qui peut notamment s'expliquer par le fait que la confédération compte parmi les Etats dépistant le plus au monde, avec à ce jour 91.400 tests effectués, dont 14% étaient positifs.

La Suisse a interdit les rassemblements de plus de 5 personnes mais refuse pour l'instant de confiner sa population.
 
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