Comment reconstruire une vie villageoise à l'heure de la Covid ? C'est la question que se posent élus et monde associatif. D'habitude, l'été est rythmé par les fêtes dans les villages, mais avec l'interdiction de rassemblement tout est stoppé. A Segny, dans l'Ain, on a tenté une alternative.
Les retrouvailles villageoises étaient annoncées depuis plusieurs jours sur les panneaux lumineux de Segny. La population n'était pas conviée à une fête ni à un repas, encore moins à un concert, mais à une opération "village propre" !
"On n'a pas pu organiser notre traditionnelle fête de la musique la semaine dernière, en raison des rassemblements toujours limités à 10 personnes, on a donc pensé à cette animation pour que les gens se retrouvent dans le respect des gestes barrières", explique Jean-Pierre Fouilloux, le maire de cette commune de 2100 habitants.
"Certains ne se sont pas vus depuis la mi-mars, il s'agit de renouer le lien social, c'est très important", rebondit Marie Gervier, jeune conseillère municipale.
Pour ne pas se voir reprocher d'attirer la foule, le maire a "découpé" la ville et attribue les quartiers. "On a des équipes de 2-3 personnes donc les risques d'attroupement sont limités", détaille-t-il.
Les ramasseurs de déchets partent donc à travers les rues de Segny. Dans leurs grands sacs plastique les mégots prennent une place importante mais il trouvent aussi des cartons de fast-food, des bouteilles... Il faut souvent coucher les herbes pour trouver les ordures. "En temps normal, on fait ça en avril la nature n'est pas encore aussi vivace. Mais avec le confinement c'était impossible", justifie un habitué.
Dans les bois de Segny, les promeneurs missionnés trouvent aussi quelques déchets. "Pendant le confinement, il y avait énormément de visiteurs qui se baladaient ici, ces chemins étaient devenus les Champs-Elysées de Segny, ils sont même plus larges depuis", remarque Annick Grosroyat, adjointe au maire.
Un camion chargé de récupérer les sacs fait rapidement le plein. "Et dire qu'on a la réputation d'être un village plutôt propre, ça fait mal quand même de voir ça", regrette une habitante.
En fin de matinée, les ramasseurs ralentissent le mouvement pour mieux se retrouver. Plusieurs groupes discutent sur une petite place. On prend des nouvelles, on se raconte le confinement. "Le but est atteint, le lien social revient", se félicite Marie Gervier. En fin de matinée, le maire offre un pot avec quelques tartes. "Le village est propre, les habitants ont le sourire, ils discutent... on se déconfine doucement", conclut le maire.
Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit
