A quelques jours du centenaire de la Grande Guerre, intéressons nous à ces destins qui ont basculé entre 1914 et 1918. Comme une majorité de Français à l'époque, Léon était agriculteur. Après les tranchées, il a donné naissance à une lignée d'horlogers-bijoutiers. Tout est lié.
Au magasin Jeanvoine, on travaille en famille. Il y a le père, Alain, les deux garçons, David et Hervé, et leurs femmes. L'horlogerie-bijouterie a pignon sur rue à Bourg-en-Bresse. Les Jeanvoine sont notamment connus pour avoir repris une fabrique d'Emaux Bressans. Ils sont désormais les derniers à en vendre.
Mais c'est une autre histoire qui nous amène dans cette boutique, une histoire sortie de la grande Histoire. A l'origine, les Jeanvoine étaient paysans de père en fils, dans les Vosges. Mais Léon a été appelé sous les drapeaux en 14. Deux ans plus tard, le poilu était victime d'une balle dans la hanche. Blessé, lourdement handicapé, on lui proposa alors plusieurs formations. C'était la règle, pour services rendus. Le jeune homme ne se voyait pas dans l'administration, alors il accepta de devenir horloger.
"Vous voyez, la Grande Guerre n'a pas été que tragique, elle a aussi changé des destins", lance Alain avec ses fils. En 1936, cherchant un fond de commerce, Léon est arrivé à Bourg. Depuis, les Jeanvoine se succèdent au comptoir de la rue Thomas Riboud. Quatre générations en tout, et un meuble ancien pour témoin. C'est un meuble de métier avec une multitude de tiroirs, où toutes les petites pièces d'horlogerie sont stockées. "Mon arrière-grand-père l'a acheté il y a 80 ans, on le garde pour se souvenir", explique David.
Reportage de Franck Grassaud et Marie-Lou Robert