Louis Giallanella, 78 ans, est reconnu coupable d'escroquerie financière. Ce mercredi 30 mai, il a écopé de 5 ans de prison dont 2 années avec sursis. Son épouse, et complice, est condamnée à 18 mois de sursis.
Lui qui avait reconstruit sa vie dans un petit logement du côté de Bourg-en-Bresse, -à 40km de sa belle maison avec piscine-, va devoir plier bagages, direction la prison. Sur le papier, Louis Giallanella doit passer 3 années derrière les barreaux.
Lors de l'audience, le septuagénaire a bien tenté de demander la clémence des juges, expliquant que son épouse était gravement malade, rien n'y a fait. "Le tribunal (correctionnel) a bien compris le désarroi des victimes, c'est l'essentiel", fait remarquer Me Lecoq-Vallon qui représentait à lui seul 72 personnes escroquées sur les quelque 80 parties civiles.
Le délibéré tient compte de l'ampleur de l'escroquerie, cette chaîne de Ponzi où Louis Giallanella encaissait de l'argent, le plaçait... sur ses comptes, et remboursait quand on lui demandait avec les versements frais de ses nouveaux épargnants.
Rien qu'entre 2009 et 2012, 5 millions 996 mille 147 euros ont ainsi été versés par chèque sur ses comptes "professionnels" et 70.182 euros sur son compte personnel, sans parler des versements en espèces de 174.170 euros... Et les détournements duraient depuis bien plus longtemps, les enquêteurs évoquant un préjudice global dépassant les 9 millions! Si 80 personnes se sont portées parties civiles, les victimes seraient en fait près de 120 dans toute la France. Certaines avaient placé l'argent de leur maison pour le faire fructifier avant le rachat d'un nouveau toit, d'autres lui avaient confié le prix de vente de leur commerce ou encore des indemnités d'handicapé.
"Il se sentait valorisé quand on venait le voir pour lui donner ses économies, il avait l'impression d'aider", a justifié Me Laurent Cordier, son défenseur. Mais il mentait en promettant des taux alléchants (jusqu'à 8%), et se mentait.
La banque, nouvelle accusée
Sachant que le fisc est prioritaire pour récupérer l'argent, et que Louis Giallanella doit plus de 3 millions à l'Etat (!), les victimes ne comptent pas sur un remboursement à l'issue de cette audience. Elles souhaitant juste récupérer une somme liée au préjudice moral.
Désormais, elles s'en prennent à la banque de Louis Giallanella. Un procès est prévu dès lundi au TGI de Lyon. C'est le Crédit Mutuel Sud Est, -par l'intermédiaire de l'un ses banquiers-, qui a alerté les autorités en 2012, suite à des mouvements jugés frauduleux. Mais les victimes font remarquer que l'établissement bancaire a attendu les difficultés de trésorerie de l'escroc pour se manifester. Pourtant, l'affaire durait depuis au moins 10 ans! En plus, le gestionnaire en patrimoine incitait ses "clients" à ouvrir un compte au Crédit Mutuel. Les arnaqués jugent donc la banque "complice" d'une certaine manière.
Un premier jugement a d'ailleurs été rendu dans ce sens, condamnant le CM à rembourser 100% du préjudice subi.