Ce vendredi 20 juillet, Patrick Bonnet s'est mis en grève de la faim. Propriétaire d'une maison fissurée, le père de famille ne voit plus d'issue à son cauchemar. Son pavillon est inhabitable et il doit pourtant payer le crédit.
Nous avions rencontré la famille Bonnet en février dernier. A l'époque, ils espéraient encore. La Cour de cassation devait trancher dans l'affaire qui les opposait à l'ancien propriétaire et au maçon qui avait consolidé la bâtisse. En ce mois de juillet, leur avocate leur a appris que la Cour n'accepte pas de se prononcer sur leur cas. Tout s'effondre à nouveau. C'est le cas de le dire, car la maison avance toujours.
Comme l'a constaté un géotechnicien, elle est victime d'un glissement de terrain localisé. De surcroît, construite dans les années 80, elle souffre d'une structure relativement fragile, de fondations "légères".
Le résultat est là, des fissures un peu partout et des parpaings qui tombent, faisant entrer la lumière à l'intérieur!
Reportage Franck Grassaud, Aude Henry et Benjamin Metral
Les Bonnet ont quitté les lieux, profitant d'un report de crédit pour louer un appartement avec leurs quatre enfants. Mais la banque demande désormais son dû. La mairie de Bellegarde a accepté de leur laisser un logement, le temps de se retourner.
Devant cette situation qui empire, Patrick a donc décidé de faire la grève de la faim. Ses proches ne sont pas d'accord, mais pour lui c'est l'ultime solution. Son comité de soutien compte sur un élan de solidarité pour le rassurer. Et si de bonnes volontés, des artisans par exemple, acceptaient de participer à la déconstruction et à la reconstruction de la maison?
Contact du comité de soutien -> dureveaucauchemar01@gmail.com
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La loi n'est pas de leur côté
Au moment de leur achat, les Bonnet ont été informés des fissures. Mais l'agent immobilier leur a expliqué que des travaux venaient d'être faits pour consolider la bâtisse. Officiellement, il ne restait qu'à mettre un coup de peinture. Un rabais leur a été octroyé.La maison s'est donc vendue "en l'état", comme précisé sur l'acte de vente. Pour la Justice, ils ont donc acheté "en connaissance de cause". Voilà pourquoi ils sont systématiquement déboutés depuis, dès qu'ils attaquent l'ancien propriétaire et le maçon qui a réalisé les derniers travaux. Ce dernier n'a travaillé que sur une partie de la résidence, ce qui se révèle être pire que le mal. La partie "renforcée" n'avance plus, alors que l'autre progresse. Du coup, la maison se tord.
Comble de l'histoire, après leur parcours judiciaire les Bonnet doivent 3.800 euros pour couvrir les frais de justice des différentes parties.
Le maire explique être impuissant face à "ce combat privé". Il reconnaît toutefois que ce versant a déjà fait parler de lui. La thèse du glissement de terrain ne l'étonne pas. Mais pour débloquer un arrêté de catastrophe naturelle, et permettre ainsi aux assurances d'indemniser, il faudrait plusieurs cas. Or les Bonnet sont visiblement les seuls à souffrir de cet accident géologique.