"Ça a créé une solidarité entre nous" : les gilets jaunes de l'Ain de retour sur leur rond-point

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Dans l'Ain, les gilets jaunes reviennent cinq ans après sur le rond-point de Meximieux, qui fut leur fief de longs mois durant. Un mouvement qui a changé en profondeur leurs regards et leurs convictions. Reportage de Sandra Méallier et Julie Petitfrère ©France 3 Rhône Alpes

Novembre 2018 : les gilets jaunes entament une vaste mobilisation. Cinq ans plus tard, que reste-t-il de ce mouvement qui appelle à des rassemblements partout en France pour fêter cet anniversaire ? Le rond-point de Meximieux, dans l'Ain, a retrouvé le temps d'un souvenir certains des gilets jaunes qui en avaient fait leur fief.

C'est comme si rien n'avait changé depuis 2018. Ils s'appellent Sylvie, Jacky ou encore Marieke. Cinq ans après la naissance de leur mouvement, ils ont remis les gilets jaunes et ressorti les pancartes. À l'occasion de cet anniversaire, des appels ont été lancés pour retourner sur les ronds-points ici et là. Exemple à Meximieux, dans le département de l'Ain.

Pincement au cœur

"On est là, on est là..." La chanson est toujours la même, tout comme les coups de klaxon des chauffeurs de camion qui les saluent à nouveau. Les réflexes sont bien ancrés. Il faut dire que pendant deux ans et demi, par tous les temps, ces irréductibles ont tenu leur bastion, remontant chaque jour leur campement tout en affûtant leurs slogans.

"Il suffit de se faire voir", constate Jacky avec un sourire. Il leur suffit effectivement de se montrer sur le rond-point pour que la solidarité s'exprime à nouveau. "Ça fait un pincement au cœur de voir que les gens nous klaxonnent à nouveau" confirme Sylvie Vessiller avec une pointe d'émotion. "Avant, les gens étaient plus chacun pour soi. Les gilets jaunes ont créé une solidarité entre nous, qui ne s'éteindra peut-être jamais."

Nouées sur les ronds-points, des amitiés qui durent

Ce jour-là, après être retournés quelques minutes sur "leur" rond-point, ils se retrouvent chez l'un d'entre eux autour d'un café. Si le mouvement a tourné court, entaché par les violences, si les revendications sont pour la plupart restées lettre morte, l'amitié, elle, est toujours là. Atténuant un peu le sentiment d'échec, comme l'explique Marieke François-Léger, la quarantaine. "C'est une cause en laquelle on croyait très fort et au final, on se rend compte que ça n'a pas marché. On reste dans notre routine de maison, travail, dodo."

Je me dis que la vie, ce n'est pas la politique, c'est l'humain. Donc j'ai espoir en mes voisins, mes amis.

Marieke François-Léger, gilet jaune

Des convictions politiques chamboulées

Grand débat stérile et cahiers de doléances sans lendemain n'ont fait que renforcer, en eux, la défiance envers la politique et une démocratie qu'ils jugent malade. Plutôt désabusé mais sans amertume, Jacky Motte, retraité, avoue que l'épopée des gilets jaunes a profondément modifié ses convictions politiques. "Avant, j'étais de gauche modérée. Aujourd'hui, je suis passé à droite, voire très à droite. C'est quand même incroyable."

À l'heure du bilan, les gilets jaunes de Méximieux préfèrent retenir des acquis tout personnels. Comme le fait d'avoir changé le sort d'une mère célibataire en difficulté. Sur le rond-point, elle avait trouvé coups de pouce et chaleur humaine qui lui ont permis de remonter la pente.

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