Novembre 2018 : les gilets jaunes entament une vaste mobilisation. Cinq ans plus tard, que reste-t-il de ce mouvement qui appelle à des rassemblements partout en France pour fêter cet anniversaire. Retour sur la place Bellecour à Lyon, théâtre d'une colère noire et de débordements.
Ce samedi 18 novembre 2023, les gilets jaunes soufflent leurs cinq "bougies de la colère". Plus d'une centaine de rassemblements sont programmés partout en France. Sur les réseaux sociaux, des messages appellent à "faire resurgir l'espace d'une soirée et d'un week-end la colère qui couve en nous. Pour nos salaires, nos retraites, l'écologie, la démocratie, les hôpitaux, l'éducation et la paix."
À Lyon, une première mobilisation anniversaire est prévue vendredi soir à 20h30, place des Terreaux. Quelle y sera l'ambiance ? Faut-il craindre des dérapages comme ce fut le cas en 2018 avec des casseurs qui infiltraient le mouvement ?
Violences traumatisantes
17 novembre 2018, acte 1 des gilets jaunes. Dès le premier jour, les manifestants prennent position sur la place Bellecour à Lyon. Ils s'y retrouveront de samedi en samedi, au fil des mois qui suivront. Mais les manifestations vont se ternir avec des débordements, des casseurs qui infiltrent les cortèges et des affrontements avec les forces de l'ordre.
Les commerçants du centre-ville de Lyon en sont pour leurs frais. En cinq semaines, certains perdent jusqu'à 25 % de leur chiffre d'affaires. Et ils n’imaginent pas que cela durera encore des mois. Dans son magasin de jouets, Catherine Chanove se retrouve en première ligne. Cinq ans plus tard, elle évoque "une période douloureuse et difficile."
"Nous avions laissé la boutique ouverte puisque notre intention était de continuer à accueillir nos clients, raconte la commerçante indépendante. Et nous avons très souvent aidé des personnes qui se retrouvaient en difficulté dans la rue. Ça donnait par moments des petites scènes d'hôpital de brousse." Dans la boutique de jouets, les passants trouvent alors un peu de soutien et un peu de calme.
Colère. Désolation. Et un peu de désespoir. Ce sont les mots de la commerçante pour décrire ces sentiments face à la situation qui dégénère chaque samedi à l'époque.
Ce qui se passait à l'extérieur n'était pas rassurant. Ce n'était pas beau à voir. Je n'aime pas la violence.
Catherine Chanove,commerçante indépendante
Catherine Chanove a eu peur de perdre son entreprise. En quatre mois, son chiffre d'affaires baisse de 40 %. Elle raconte aujourd'hui avoir vécu "une situation sans vraie porte de secours", où elle ne peut rien maîtriser. Une situation qu'elle subit et dont elle doit "porter les conséquences".
Je n'ai pas envie que quoi que ce soit de semblable se reproduise.
Catherine Chanove
Aujourd’hui, la commerçante a réussi à rebondir. Mais elle avoue que vouloir garder la boutique ouverte à l'époque, lors des manifestations du samedi, était une erreur. Désormais, dans ce genre de situation, elle baisse le rideau.
5ᵉ anniversaire : les rassemblements prévus
Plus d'une centaine de rassemblements sont prévus partout en France ce vendredi 17 et samedi 18 novembre. Des ronds-points vont être de nouveau occupés comme à Villefranche-sur-Saône ou encore Givors dans le département du Rhône.
Retrouvez sur la carte ci-dessous l'ensemble des mobilisations programmées :
À Saint-Etienne, Valence et Bourg-en-Bresse, les gilets jaunes se retrouveront sur le parvis de la mairie à 20h00.
En Ardèche, une occupation du rond-point de Davézieux est annoncée samedi 18 novembre à 10h00.