C'est une start-up de l'Ain qui démarrait doucement. Le coronavirus est arrivé, et son développement s'est avéré logique. "Casiers gourmands" vend des produits du terroir sur le web et les livre dans des compartiments à bonne température. Les clients n'ont plus qu'à les récupérer quand ils veulent.
Lorsque nous avons rencontré le patron de "Casiers gourmands" pour la première fois, les commandes ne se bousculaient pas. Nous étions en pleine période de fêtes de fin d'année, et Grégory Troussier n'avait que quelques bourriches d'huîtres à mettre dans ses casiers. Le modèle souffrait d'un manque de notoriété. Les deux points de vente de Ferney-Voltaire et Grilly regroupaient une centaine de clients réguliers.
Quatre mois plus tard, le père de la start-up ne sait plus où donner de la tête. Il répond désormais aux commandes de quelque 450 clients. Grégory a même dû embaucher un salarié supplémentaire, l'effectif passant à trois personnes. "Début mars, on était déjà sur la rampe de lancement mais le coronavirus a agi comme un facilitateur", explique-t-il.
La fermeture des marchés et la peur du covid-19 ont motivé les personnes qui redoutaient les courses en grandes surfaces. L'idée de commander sur internet des produits du terroir, d'aller les récupérer dans des casiers qui se mettent automatiquement à bonne température, le tout sans croiser personne, s'est révélée comme une opportunité.
"Nos clients ont radicalement changé leurs habitudes de consommation par nécessité, et ils se sont aperçus, en plus, qu'ils pouvaient manger des produits de qualité dont on connaît la provenance. Ils savent qu'ils soutiennent ainsi les producteurs. Ils font d'une pierre, deux coups", explique Grégory Troussier, le créateur de "Casiers gourmands".
Un lien renforcé avec les fournisseurs
Cette vente dans des compartiments a effectivement profité à nombre de fournisseurs. Exemple, la Fromagerie Paccard de Haute-Savoie. Elle ne pouvait plus compter sur la restauration, elle a donc joué le jeu des casiers "avec grand plaisir". Même chose pour Le Fumet des Dombes, les foies gras Lucien Doriath ou les abattoirs Gesler. Avec la crise, "Casiers gourmands" a gagné en crédibilité. "En plein confinement, on a eu un peu plus de mal avec les maraîchers, ils vendaient souvent sur leur exploitation et nous laissaient 'le reste", ça n'a pas été évident", se souvient Grégory qui a cherché de nouveaux producteurs bio.
Mais ce qui manquait le plus à la structure, c'était finalement l'argent. Il en faut notamment pour assurer la maintenance du site web et même aller chercher les produits.
"Une start-up est un aspirateur à cash. Mon capital personnel ne suffisait plus. Heureusement, notre banque s'est décidée à nous soutenir et on a pu bénéficier du prêt garanti par l'Etat. C'est ce qui va nous permettre de nous développer. Le ciel est moins perturbé, on peut même imaginer une levée de fonds", espère Grégory Troussier.