D'un côté, la Confédération Paysanne de l'Ain qui s'insurge de la fermeture de bon nombre de marchés où écouler la production agricole. De l'autre, la filière de la volaille de Bresse qui, malgré la perte de 90% de sa clientèle, se fédère pour affronter la crise du Coronavirus.
Pourquoi fermer une bonne partie des marchés alimentaires de l'Ain alors que les municipalités ont reçu le message contraire ? C'est la question posée par la Confédération Paysanne du département, inquiète de voir des producteurs ne plus être en mesure d'écouler leur production.
Alice Courouble est porte-parole de l'organisation. Et dans la production de viande à Ambronay. Elle nous confie que la situation est disparate selon les fermes. Entre celles qui alimentent et livrent encore des AMAP, celles qui ne font que de la vente directe à la ferme, et enfin celles qui n'écoulent leur production que sur les marchés municipaux. Et pour ces dernières, la situation est devenue très compliquée.
Des marchés alimentaires pourtant expressément autorisés
De nombreux marchés alimentaires ont fermé leurs portes dans l'Ain : à Bourg-en-Bresse, Beynost, Gex et Belley... Des fermetures alors que des aménagements sont possibles dans le respect des consignes sanitaires.Alors que surtout "la préfecture de l’Ain a adressé un message à l’ensemble des municipalités pour leur rappeler que les marchés alimentaires ne sont pas interdits. Et bien au contraire, expressément autorisés".
Dans ce document que nous avons pu consulter, il est également précisé que "seuls sont proscrits les marchands forains non alimentaires". Et qu'il est "particulièrement stratégique de faciliter au maximum le ravitaillement de nos concitoyens et autoriser autant que faire se peut ces marchés, en profitant de l'interdiction des commerçants non alimentaires pour espacer davantage les étals et élargir les allées".
La Confédération Paysanne demande aux communes de l'Ain de rouvrir les marchés car, entre les restaurants et les services collectifs qui sont fermés du fait du confinement, toute une production risque d'être perdue. Pour la filière viande, "les carcasses sont dans les frigos mais pour combien de temps ? et les espaces de stockage pourraient venir à manquer. La viande va pourrir", commente Alice Courouble du GAEC Ferme sur la Tour.
La filière de la volaille de Bresse privée de 90% de sa clientèle
Il y a d'abord eu la Chine, puis le Japon, les Philippines, puis l'annulation du salon de l'auto en Suisse, la fermeture des frontières avec l'Italie, l'Espagne et puis la fermeture des bonnes tables de Paris. Le patron des Volailles Miéral nous fait la liste de tous les clients "perdus" par la filière avicole en l'espace de quelques semaines.Autant vous dire que la crise mondiale liée au Coronavirus porte un coup rude à la filière, "seule AOP au monde pour la volaille, obligée de vendre à l'export pour survivre". Valéry Miéral confie : "c'est peut-être le coup de grâce avec l'arrêt de l'approvisionnement de 90% des acheteurs de volailles de Bresse".
L'abatteur refuse pour autant de se laisser... abattre. Certes, la situation est compliquée à gérer, dit-il. "On est bien obligé de récolter les bêtes. Les volailles restent le plus longtemps possible dehors. Il faut retarder l'engraissement. Penser à la mise en place des poussins pour avoir de la volaille dans 7-8 mois. On gère au mieux".
Valéry Miéral rajoute :"On a un devoir civique de nourrir. Alors on s'adapte pour faire notre boulot. Et surtout c'est l'interprofession de la Bresse qui se fédère pour trouver des solutions. Il n'y a plus de concurrence".
Entre producteurs, exportateurs, clients et même la grande distribution, l'heure est à la solidarité pour gérer la crise. Et le président des Volailles Miéral de conclure: "l'Etat ne peut pas tout résoudre à notre place. Il faut que l'on soit responsable".