Il y a dix mois, en mars 2020, l'église de Saint-Trivier-de-Courtes, dans l'Ain, était victime de la foudre. Un incendie d'une rare violence avait détruit le clocher. Depuis, l'église est toujours fermée.

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"Un symbole du village est parti en fumée"; "un village sans église, c'est un village mort". A Saint-Trivier-de-Courtes, les habitants sont encore émus quand il regarde en direction de leur clocher. Le 1er mars 2020, cette partie de l'église a été détruite par un incendie, visiblement causé par la foudre. Malgré l'intervention rapide des pompiers, la flèche s'est effondrée sous les yeux des villageois. L'édifice est protégé au titre des monuments historiques depuis 1982.  

Dix mois après le sinistre, l'église reste fermée au public et les habitants de ce village de Bresse, -à la frontière avec la Saône-et-Loire-, s'impatientent. Le bâtiment est toujours "décapité". Seules quelques tôles protègent le site. Cette mise en sécurité a déjà coûté 100.000 euros. 

Par chance, le monument était assuré, ce qui n'est pas le cas dans tous les villages. "Mes prédécesseurs avaient eu cette belle idée", reconnaît le maire LR Michel Brunet. Mais il ne sait toujours pas ce que l'assureur va réellement prendre en charge lors de la reconstruction. "Quelqu'un nous assiste, un conseil. C'est une période où il faut être vigilant", insiste Michel Brunet. 

Il dit penser chaque jour à son église. "L'estimation que nous avons fait faire, c'est un peu plus d'un million pour l'ensemble", indique-t-il. Outre la flèche, les cloches ont aussi souffert, l'une d'elle est tombée et s'est cassée en plusieurs morceaux. 

Prévoyant, le maire recherche déjà d'autres pistes de financement. Il compte notamment sur les collectivités "au-dessus", comme l'agglomération de Bourg-en-Bresse, le Département de l'Ain, la Région qui a déjà donné 30.000 euros pour sécuriser les lieux. 

"Au train où vont les choses, on n'aura une église comme neuve pas avant la fin 2022", espère Michel Brunet.  

Un triptyque du 16e "miraculé"

Par chance, l'intérieur de l'église n'a pas subi de gros dommages. On devine seulement des auréoles d'humidité à hauteur du choeur, dues à l'extinction. Les objets religieux ont été préservés, comme la célèbre statue de Saint-Trivier. 

La pièce maîtresse de l'église, datant du 16e siècle, n'était pas là au moment du sinistre.

Il s'agit d'un triptyque figurant l'Adoration des Bergers, daté de 1526 et attribué à Grégoire Guérard, cousin d'Erasme. Cet ensemble se trouvait au Monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse, à une trentaine de kilomètres. Pour Pierre-Gilles Girault, administrateur du Monastère, "c'est une pièce importante car il y a relativement peu de peintures du 16e siècle conservées dans notre région". "C'est une peinture sur bois, donc très fragile", explique-t-il. Cet ensemble est l'oeuvre d'un artiste hollandais installé en Bourgogne et en Bresse. 

Le triptyque est un véritable "miraculé". Il avait été déposé à Brou en 2018 à la suite d'une restauration, et était exposé au musée depuis 2019. "C'est un prêt de longue durée motivé par des raisons de conservation car l'église a la réputation d'être humide", détaille Pierre-Gilles Girault.

Et si on faisait d'une pierre deux coups... Au village, certains imaginent qu'en parallèle du chantier du clocher, d'autres travaux pourraient être lancés. Pourquoi ne pas créer un espace d'exposition dans une chapelle ? un lieu où le chef d'œuvre du XVIe serait protégé d'une hygrométrie capricieuse. Une fois la flèche reconstruite, une fois le triptyque positionné, le chapitre de l'incendie sera alors définitivement clos. 

Reportage

 

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