Oublier la ligne droite, oublier les berges en béton. L'heure est à la création de méandres, à la reconnexion des cours d'eau, à la création de zones humides... pour que la nature puisse accomplir son travail et s'adapter au climat futur fait de sécheresse et de fortes pluies. C'est tout le projet de la rivière la Reyssouze à Bourg-en-Bresse dans l'Ain.
La Reyssouze s'offre une cure de jouvence. La Rivière qui prend sa source à une quinzaine de kilomètres de Bourg-en-Bresse, entame sa mue en amont de la ville. Le tracé du cours d'eau a été modifié et des méandres ont été ainsi créés pour qu'elle retrouve sa sinuosité originelle. Dorénavant, elle serpente et ça change tout !
Plus de biodiversité
Depuis deux ans bientôt, dans l'Ain, un vaste projet de requalification de la Reyssouze et de ses affluents est en cours. Son lit a été déplacé d'une cinquantaine de mètres. L'objectif est de redonner aux milieux aquatiques un fonctionnement plus équilibré et naturel, mais aussi apporter des îlots de fraîcheur en été. Budget total, 4,6 millions d'euros avec l'aide de l'agence de l'eau RMC.
"Là ça y est, c'est mis en eau. Tout le débit de la Reyssouze coule dans le nouveau lit et sur à peu près 600 mètres" indique Antoine Bozonnet, chargé de mission Syndicat de Reyssouze et affluents. "Jusque-là, on avait un cours d'eau très rectiligne et peu de diversité d'habitats. Maintenant, avec les méandres, on a différentes profondeurs, différentes vitesses et c'est ça qui est source d'habitat pour la faune piscicole, les libellules, les amphibiens, etc. Et aussi, on cherche à ralentir l'eau pour la faire déborder et alimenter les zones humides en amont de la ville". Ce système servira également en créant une zone tampon en cas d'inondation.
On se base sur des solutions fondées sur la nature. On impulse quelque chose et la nature va faire le travail en reprenant ses droits.
Antoine Bozonnet,chargé de mission Syndicat de Reyssouze et affluents
Reconnecter les cours d'eau
Il est important de retenir dans les bassins-versants l'eau le plus longtemps possible. Créer des méandres (qui sont en fait d'anciens méandres naturels) ralentit l'eau et permet de meilleures connexions entre la rivière et la nappe phréatiques. Les rivières sont également reconnectées à toutes leurs annexes hydrauliques. Ce fonctionnement est idéal et permet au cours d'eau de s'adapter au réchauffement climatique.
Cette restauration touche à tous les compartiments, comme le dit Lysanne Bour de l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée-Corse. "C'est un exemple incroyable. Là, on est vraiment sur des projets qui sont d'ampleur. On a supprimé des obstacles et ainsi libéré la continuité de la rivière. Les poissons peuvent remonter et descendre, mais pas que les poissons, les sédiments. Tout le fonctionnement qui est restauré".
Préserver le cadre de vie
En ville, la transformation concerne surtout les rives de la Reyssouze. 1.6 km seront débétonisées au fur et à mesure. 3 000 végétaux vont y pousser pour permettre aux habitants de se réapproprier les berges et de respirer lors des fortes chaleurs estivales. "On va sur des scenarii qui vont faire que les étés seront plus chauds et qu'il y aura un peu plus de fortes pluies et un peu plus de sécheresse. La préservation des milieux aquatiques et notamment la débétonisation des canaux, la restauration des rivières en ville sont des solutions durables" précise Baptiste Daujat, vice-président du Syndicat de Rivière.
Un parcours piéton en projet
Les aménagements doivent permettre aux riverains de profiter des cours d'eau et des zones humides. Un parcours pédagogique arboré est prévu à terme sur la rive gauche jusqu'au lac de Bouvent. La rive droite restera une prairie naturelle.