Seulement 200 manifestants se sont rassemblés, lundi 12 novembre, sous les fenêtres de l'Inspection académique, à Bourg-en-Bresse. Et pourtant, l'annonce de la suppression de postes dans le secondaire résonne ici peut-être plus qu'ailleurs.
L'Ain connaît une croissance démographique qui fait rêver d'autres territoires. +1,3% chaque année, particulièrement à hauteur du Pays de Gex, -banlieue de Genève-, et de La Côtière, -banlieue de Lyon-. Cette poussée oblige le Département à construire régulièrement de nouveaux collèges.
Si aujourd'hui l'Education nationale supprime des postes d'enseignants dans le secondaire, on se demande si les élèves ne vont pas être encore plus nombreux en classe. La moyenne est déjà de 29 élèves au collège et de 35 au lycée.
Tous les syndicats des personnels de l'Éducation appelaient donc à la grève ce lundi. Un appel de tous les syndicats ce qui représentait une première depuis 2011.
Le budget 2019, dont le volet Éducation nationale sera discuté en plénière mardi à l'Assemblée nationale, prévoit de supprimer 2.650 postes dans les collèges et lycées publics, 550 dans le privé, 400 dans l'administration. Quelque 1.800 postes seront créés au primaire, en vertu de "la priorité au primaire" voulue par le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer.
Reportage Franck Grassaud et Frédéric Llop
"Aucune logique"
Les personnels "ne comprennent pas" ces réductions d'effectifs dans le secondaire, au regard de la poussée démographique attendue en collèges et lycées. Pour eux, il n'y a "aucune logique". L'agence des statistiques du ministère de l'Éducation, la Depp, prévoit une hausse de 40.000 élèves en France à chaque rentrée entre 2019 et 2021.Ces suppressions annoncées passent d'autant moins après le mouvement #PasDeVague suscité par le braquage, avec une arme factice, d'une enseignante par un lycéen, au sein d'un établissement de Créteil en octobre.
Le nombre de suppressions de postes peut paraître faible par rapport à la totalité des agents de l'Éducation nationale (environ un million), mais les syndicats s'attendent à ce qu'elles soient suivies d'autres réductions d'effectifs. Emmanuel Macron a indiqué vouloir supprimer 50.000 postes dans la fonction publique d'État d'ici à 2022. L'Éducation nationale, qui représente la moitié des effectifs de cette branche de la fonction publique, risque d'être largement mise à contribution.