Hébergement d'urgence dans un château de l'Ain : le projet fait polémique

Le château de Varey, dans l'Ain, pourrait bientôt accueillir des migrants. Cette décision prise par les services de l'État fait réagir dans le village voisin. De nombreuses voix s'élèvent pour expliquer que le château n'est tout simplement pas adapté à l'hébergement d'urgence.

Il domine le village de Saint-Jean-le-Vieux dans l'Ain. Perché sur la colline, on le voit de loin. Ancien château fort édifié au 12e siècle, restauré au 19e, il fait la fierté des habitants du coin. Après avoir accueilli des enfants en difficulté, il pourrait bientôt servir d'abri à des demandeurs d'asile.

La préfecture de l'Ain avoue "étudier cette option en maintenant le dialogue ouvert avec les acteurs concernés". Car il faudra convaincre et vaincre les réticences. Celles de quelques riverains qui se disent opposés à la venue de cette population. Celles du maire qui a interdit une manifestation d'opposants au projet. Il ne souhaite pas placer le débat sur le plan de l'accueil des migrants, mais en termes de moyens.

La carte postale est séduisante, il y a la forêt, les animaux ou les champignons. Mais ici, il n'y a pas de services adaptés comme les services sociaux, juridiques ou périscolaires. Le village est à 2 kilomètres.

Christian Batailly,

maire (DVD) de Saint-Jean-le-Vieux

Un projet de classes autour du patrimoine

La bâtisse est propriété d'une association, l'Alfa3a dont la vocation sociale est à destination de tous les publics. L'animation pour les jeunes, comme l'accueil des étrangers. C'est à ce titre qu'elle a été contactée par la préfecture. Le projet de l'association est de faire du château un centre de classes vertes orientées patrimoine. En attendant, il est inoccupé. 

Le château ne va pas être occupé avant 2025-2026, le temps de mettre en place ce projet. Forcément on a un lieu qui est déjà aménagé et qui peut accueillir du public. Donc, si l'État en a besoin pour accueillir en urgence des personnes, notre rôle, c'est d'y répondre favorablement.

Josepha Bouget,

responsable de communication d'Alfa3a

Les J.O. de 2024 en cause ?

Le député de la circonscription s'en est mêlé, il avait rendez-vous ce lundi 17 avril 2023 avec la nouvelle préfète (dont ce sera l'un des premiers gros dossiers à gérer). Le parlementaire, Damien Abad (Renaissance), estime, pour sa part, "militer pour trouver des solutions alternatives". Selon lui, deux raisons justifient cette volonté de trouver de nouvelles places. Les flux migratoires qui reprennent après les années Covid, et la nécessité de libérer des places d'hébergements d'urgence dans les hôtels en vue des J.O. de Paris en 2024.

La préfecture de l'Ain explique que, pour l'heure, "il n'est pas possible de connaître la typologie du public potentiellement accueilli". Aucun calendrier "de mise en œuvre" n'est communiqué.

Mais certains s'inquiètent déjà, une banderole a été placée sur les hauteurs, à proximité du château. Une banderole visible de loin où il est écrit "sauvegardons notre patrimoine". Elle fait bien sourire Philippe, un habitant du village, qui explique "qu'ils ne vont pas démonter les pierres et la toiture pour repartir avec !"

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