L'abattoir Gesler a été victime d'un incendie criminel le 28 septembre. Après la revendication par un groupe antispéciste, autrement anti-viande, la direction et les salariés des abattoirs sont aujourd'hui de nouveau sous le choc. Ils ont reçu une lettre de menace particulièrement violente.
Elle a installé son entreprise à la maison. Les personnels administratifs et les commerciaux des Établissements Gesler se relaient pour travailler dans la cuisine. "C'est une start-up!", lance Myriam Gesler. La directrice générale fait le va-et-vient avec sa terrasse où la paperasse est entreposée. "C'est ce qu'on a pu sauver de nos bureaux, il y a encore un gros travail de tri, tout est noirci."
"Je suis épatée par la volonté de mes salariés, ils font tout pour relancer rapidement l'activité." Mais certains ont peur désormais, ne dorment plus chez eux, depuis qu'une lettre anonyme a été adressée à leur patronne. Une lettre particulièrement menaçante où des employés sont aussi cités, le corbeau ayant trouvé leurs noms dans les reportages télé diffusés après l'incendie.
Les propos y sont d'une grande violence. "Vous, Madame Gesler, -responsable de l'abattoir d'Hotonnes-, vous méritez la chambre à gaz, la torture. J'aimerais pouvoir rouvrir Auschwitz, un camp de la mort, pour vous y conduire, avec votre famille et vos 80 salariés de merde afin de faire justice pour tous ces animaux assassinés."
"J'ai un grand-père qui a été déporté et je pense que lui et les autres déportés ne sont pas respectés dans cette lettre", explique Myriam Gesler, la gorge serrée. Elle a porté plainte. "Qu'on m'attaque moi, ça me passe au-dessus de la tête, mais quand on lit aussi dans cette lettre que mes salariés sont visés, c'est insupportable, c'est insupportable!".
Reportage Franck Grassaud et Cédric Lepoittevin
Cette lettre a été lue à l'Assemblée nationale par le député LR Damien Abad. En réponse, le Premier ministre a déclaré: "tout ce qui est permis par la loi pour réprimer ces comportements sera mis en œuvre".
"Enfin le Gouvernement se saisit du dossier", constate Myriam Gesler, "j'apprécie que le Premier ministre parle fermement."
Myriam Gesler espère pouvoir redémarrer l'abattage rapidement sur le site d'Hotonnes, après la désinfection des bâtiments encore sur pied. En revanche, l'activité salaisons est impossible. La reconstruction devrait au moins prendre 18 mois. Parmi les 80 salariés, des licenciements sont donc inévitables. Ce mercredi 10 octobre, les experts des assurances étaient encore sur place.