C'est une circonscription qui a la forme du Chili! La 3e circonscription de l'Ain est aussi disparate avec une zone urbaine assez dense dans le Pays de Gex, et rurale dans le Bugey Sud. Côté électeurs, la population a plébiscité Emmanuel Macron à la Présidentielle, déstabilisant Les Républicains.
La députée en place dans cette #circo0103 est fraîchement élue et repasse déjà devant les électeurs. Il y a tout juste un an, Stéphanie Pernod-Beaudon décrochait un siège à l'Assemblée en remplacement d'Etienne Blanc, touché par le cumul des mandats. Le maire de Divonne et premier vice-président d'Auvergne-Rhône-Alpes pensait ainsi avoir stabilisé sa suite. Mais plus rien n'est sûr aujourd'hui, même sur une terre où la droite classique se pensait fortement ancrée.
Certes, François Fillon a bien résisté au Nord, dans le Pays de Gex, lors de la Présidentielle. Mais c'est globalement Emmanuel Macron qui l'a emporté, passant en tête dès le 1er tour avec 25,33% des voix dans la circonscription. La faute, selon Stéphanie Pernod-Beaudon, à "une forte abstention", à une ambiance "très internationale" dans le secteur, -avec la proximité de la Suisse-, et... "aux ennuis durant la campagne", ose la députée sortante qui avait préféré soutenir Nicolas Sarkozy lors de la Primaire.
Bref, comme un peu partout, les cartes sont rebattues. Le scrutin des Français de l'étranger, et notamment des Français de Suisse voisine, semble prouver que les tricolores sont prêts à donner une majorité au nouveau président.
"Puisque le Premier ministre est de droite, qu'on donne une majorité de droite à Emmanuel Macron!", lance Stéphanie Pernod-Beaudon, "nous saurons être vigilants et nous saurons aussi nous ranger derrière le gouvernement quand l'intérêt de la France le nécessitera".Qu'on donne une majorité de droite à Emmanuel Macron!
Sûre d'elle, la sortante semble toutefois mal mesurer la percée du "macronisme" dans sa région, selon Olga Givernet, la candidate de "La République En Marche". Cette dernière est certaine qu'elle arrivera en tête en 1er tour de ces législatives. Elle compte encore sur la dynamique de la Présidentielle.
Selon ces candidates, on se dirigerait donc vers un duel au second tour, sans le FN. Cela n'étonnerait pas le candidat du Front, Gaëtan Noblet. Joint par téléphone, il avoue douter. "On sent les habitants attirés par le camp Macron", explique-t-il, comme si la partie était déjà perdue. "Dans le reste du département de l'Ain, je vois le FN partout au second tour, pas ici." Est-ce un signe, mais Gaëtan Noblet, très pris par sa vie professionnelle du côté de Lausanne, participe peu à cette campagne, ses affiches ont même tardé à être collées.
Le mouvement mélenchoniste est, lui, beaucoup plus optimiste. Christian Jolie entend faire fructifier le bon score de "La France Insoumise" dans une circonscription "qui n'a pourtant pas le profil", estiment les observateurs qui pointent un Pays de Gex très riche. Au 1er tour de la Présidentielle, 16,88% des inscrits avaient voté pour Mélenchon. "Mais tout le monde n'est pas riche dans le Pays de Gex, faut arrêter avec ça!", assène Vic Polsinelli.
Pour autant, "La France Insoumise" n'a pas trouvé bon de s'associer avec le candidat PC ("L'Humain d'abord"), le Bellegardien Jean-Sébastien Bloch.
Du côté du PS, Géraldine Sacchi-Hassanein, 38 ans, a été choisie dès décembre dernier pour mener campagne. Cette professeur de Français a depuis supporté la débâcle socialiste. On lui en parle souvent sur les marchés. Mais Géraldine Sacchi ne se démonte pas, elle trouve exaltant, au contraire, de participer à "la reconstruction" du parti. Et c'est avec un petit bus qu'elle sillonne la circonscription de haut en bas et de bas en haut, appuyé par un suppléant bien connu dans le secteur de Belley. David Foëssel est animateur socio-éducatif.